PĂ©tra : la mystĂ©rieuse citĂ© perdue aux mille et un secrets

InTerreCo pose un regard neuf sur les hauts lieux touristiques du monde. Les membres du collectif ambitionnent de questionner leurs impacts sur les territoires qui les hĂ©bergent, en termes d’attractivitĂ© et d’identitĂ© culturelle, voire de retombĂ©es socio-Ă©conomiques et environnementales. Eu Ă©gard Ă  cette ambition, quoi de mieux que d’Ă©tudier les 7 Merveilles du Monde Moderne sur une sĂ©rie de 7 articles ?! Pour ce mois d’avril, InTerreCo vous fait voyager vers une nouvelle destination : la Jordanie, Ă  la rencontre de PĂ©tra, une citĂ© antique mystĂ©rieuse Ă  l’hĂ©ritage culturel sans pareil.  

PĂ©tra, une citĂ© mythique fascinante, Ă  l’hĂ©ritage culturel unique 

PĂ©tra a connu l’influence de plusieurs peuples et civilisations, entre autres : nabatĂ©enne, romaine, byzantine et celle des croisĂ©es. Cette diversitĂ© culturelle des peuples de PĂ©tra est Ă  l’origine de sa richesse culturelle et de son hĂ©ritage unique au monde.

L’influence NabatĂ©enne 

Cité Troglodyte construite au sein mĂŞme de la roche et situĂ©e dans l’actuelle Jordanie, PĂ©tra porte en elle une histoire singulière. Tout comme le Machu Picchu, elle a Ă©tĂ© oubliĂ©e durant des siècles. Elle est redĂ©couverte le 22 aoĂ»t 1812 par le jeune explorateur suisse Johann Ludwig Burckhardt. Son emplacement gĂ©ographique stratĂ©gique fait d’elle une plaque tournante du commerce de la route de l’encens. En effet, le commerce a Ă©tĂ© une des clĂ©s de grandeur de la citĂ© vermeille. La route commerciale reliait l’Inde Ă  l’Égypte, en passant par le YĂ©men, lieu où l’encens voyageait jusqu’à PĂ©tra, puis vers Gaza et Damas.

La construction de PĂ©tra fut amorcĂ©e au cours du 8ᵉ siècle avant J-C, mais c’est Ă  partir du 6ᵉ siècle avant J-C que cette citĂ© connaĂ®tra un vĂ©ritable essor avec l’arrivĂ©e du peuple nabatĂ©en. Ce peuple de marchands nomades d’Arabie vit en PĂ©tra un site naturel au potentiel inestimable. Ainsi, ils en firent une des capitales majeure du commerce de produits rares : « les cavaliers y transportèrent des Ă©pices provenant de l’Inde, de l’encens provenant d’Arabie, de la soie provenant de la Chine, ou encore de la myrrhe. Leur prouesse logistique rĂ©sidait dans le fait que ces produits transitaient par des dĂ©serts ardents et des montagnes aux hauteurs vertigineuses ». 

Grâce Ă  leur statut d’intermĂ©diaires commerciaux et Ă  leur connaissance de cette route qui se veut hasardeuse, les nabatĂ©ens ont pu acquĂ©rir de nombreuses richesses et faire prospĂ©rer leur citĂ©. Ils furent l’une des tribus arabes les plus riches, ayant un contrĂ´le absolu d’un vaste territoire regroupant la Jordanie, le nord-ouest de l’actuel Arabie Saoudite et le sud de la Syrie. La richesse de la population se voit ainsi ostensiblement affichĂ©e sous la forme d’immenses façades creusĂ©es Ă  mĂŞme la roche de grès, pouvant atteindre les 50 mètres de hauteur et 40 mètres de largeur. Ce peuple y construisit, au cours du 1er siècle avant J-C, de nombreux monuments tels que le tombeau d’Al-Khazneh qui signifie “trĂ©sor” en langue Arabe.

L’influence Romaine

Au cours du 1er siècle avant JC, les romains vont fortement s’intĂ©resser au Proche-Orient. Ils vont ainsi coloniser la rĂ©gion et crĂ©er la province romaine de Syrie en 64 avant J-C. Gouverneur de cette toute nouvelle province, PompĂ© va lancer une offensive Ă  l’encontre du peuple nabatĂ©en et de PĂ©tra. Elle se soldera par un Ă©chec due Ă  une forte rĂ©sistance des nabatĂ©ens qui conservent ainsi l’indĂ©pendance de leur royaume.

Au fil des annĂ©es, la puissance militaire romaine se voit renforcer dans la rĂ©gion. Toutefois, ne pouvant toujours faire face militairement aux nabatĂ©ens, les romains dĂ©cidèrent de fragiliser leur Ă©conomie en dĂ©plaçant les nombreuses routes caravanières. Au cours de l’an 106, l’Empire Romain dĂ©cida Ă  nouveau d’envahir et d’annexer le royaume nabatĂ©en sous le règne de l’empereur Trajan. Cette conquĂŞte marque la fin de la domination nabatĂ©enne sur cette province, alors renommĂ©e Arabia Petraea et ayant pour capitale PĂ©tra.

A la suite de son incorporation Ă  l’Empire Romain, PĂ©tra connaĂ®t un nouvel Ă©lan dans de nombreux domaines tels que le commerce avec la crĂ©ation de la nouvelle « Via Nova Traiana » entre Bosra et Aqaba. Sur le plan architectural, la citĂ© prospère grâce aux codes architecturaux classiques des villes romaines et Ă  la construction de plusieurs bâtiments : un Cardo Ă  colonnade, un théâtre, un forum ou encore des termes. NĂ©anmoins, l’ouverture des voies maritimes Ă  l’époque romaine a eu des incidences sur le flux commercial de la citĂ©. Elle a conduit Ă  la dĂ©viance des flux commerciaux de PĂ©tra vers la mer et a entraĂ®nĂ© une crise Ă©conomique qui fut fatale Ă  la citĂ©. 

L’influence Byzantine

Sous la domination Byzantine, PĂ©tra regagne son statut de capitale de province (Palestine Salutaris) et retrouve sa gloire perdue. Elle est Ă©galement sujette Ă  de grands amĂ©nagements tels que la transformation du tombeau Ă  l’Urne en Église en l’an 446 après J-C. La vie Ă©conomique et sociale est Ă©galement bouleversĂ©e avec une Ă©conomie tournĂ©e vers l’exploitation agricole du territoire et non plus vers l’élevage et le commerce caravanier. Sur le plan culturel, on assiste Ă  une arabisation de la culture avec l’arabe qui devient au fil du temps une langue vernaculaire.  

Rappelons qu’au cours de la conquĂŞte islamique, PĂ©tra perd de son importance et devient un simple village. En 363, un fort sĂ©isme secoua la citĂ© vermeille et la dĂ©truisit en grande partie. PĂ©tra Ă©tant en fort dĂ©clin, cette catastrophe naturelle conduisit au dĂ©part de nombreux habitants.

L’influence des Croisés

Au Moyen Ă‚ge, PĂ©tra intĂ©ressait grandement les CroisĂ©s au vu de sa position gĂ©ographique stratĂ©gique. En effet, suite Ă  la prise de JĂ©rusalem en 1099, les CroisĂ©s dĂ©cident d’ériger une ligne de bastions du nord jusqu’au sud, Ă  l’Est du royaume latin de JĂ©rusalem. Ce qui a renforcĂ© leur intĂ©rĂŞt pour la citĂ©.

Conquise par Saladin en 1189 après J-C, Pétra est laissée à l’abandon à la fin des croisades. Dès lors, la ville se voit désertée et seuls quelques bergers y résident encore. Ainsi, comme bon nombre de civilisations et de lieux, la cité tomba dans l’oubli durant de nombreux siècles.

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Une merveille d’architecture et d’ingĂ©niositĂ© 

C’est au cours de l’annĂ©e 1812 qu’un jeune explorateur suisse, Jean Louis Burckhardt, redĂ©couvre au hasard cette citĂ© disparue depuis des siècles. Initialement partie pour dĂ©couvrir la source du Niger, cet explorateur et orientaliste s’installe au Moyen-Orient afin de parfaire sa connaissance de la langue ainsi que de la culture arabe. Au cours de son voyage, il se fait passer pour un marchand indien musulman, sous le nom d’Ibrahim ibn Abdullah. Son Ă©popĂ©e le conduit Ă  la dĂ©couverte d’une façade sculptĂ©e Ă  mĂŞme la pierre, au cĹ“ur d’une citĂ© en ruine. La nouvelle va rapidement se rĂ©pandre, dans un premier temps en Europe, puis dans le monde entier. Cette dĂ©couverte marque une nouvelle ère de prospĂ©ritĂ© pour PĂ©tra jusqu’Ă  son statut actuel de merveille du monde. 

La cité antique de Pétra compte près de 680 monuments à caractère culturel. Ces monuments participent au modelage de l’espace urbain. Ces vestiges peuvent être de nature religieuses (sanctuaires), mais également funéraires (tombeaux) ou encore domestiques comme des chambres (Nehmé, 1997).

L’un des principaux monuments de cette citĂ© antique est le SĂ®q, un canyon sinueux et Ă©troit d’1,2 Km, qui forme Ă  lui seul l’entrĂ©e de la citĂ© antique de PĂ©tra. Autrefois pavĂ©, il est possible d’y observer un système de canalisation ingĂ©nieux qui fut Ă©laborĂ© au temps du peuple nabatĂ©en afin d’y recueillir les ruissellements de l’eau de pluie et de les rediriger vers les citernes. Aussi, un groupe de pierre y est visible, les djinns, qui abritaient les esprits gardiens de la citĂ© ainsi que la tombe des obĂ©lisques. Au nombre de 4, ils sont sculptĂ©s dans la roche rocailleuse afin d’y honorer 4 divinitĂ©s. Ă€ dos de chameau, Ă  cheval ou encore Ă  pied, cette gorge bordĂ©e de majestueuses falaises livre de magnifiques paysages oĂą diffĂ©rentes nuances d’ocre, de rouge et de rose dansent selon la lumière du jour. Autrefois, ce passage Ă©tait considĂ©rĂ© comme l’une des principales voies sacrĂ©es de la rĂ©gion. Le wadi Moussa s’y Ă©coulait jusqu’Ă  sa dĂ©viation après la crue meurtrière de 1963. 

Le Khazneh (TrĂ©sor) apparaĂ®t au sortir du Siq. Il est le monument le plus cĂ©lèbre des tombeaux de la citĂ© de PĂ©tra et est taillĂ© Ă  mĂŞme la roche et ornementĂ© dans le style hellĂ©nistique. Ce temple abrite la sĂ©pulture du roi, probablement celle du roi ArĂ©tas IV, mort en 40. Dans la culture bĂ©douine, “Khazneh” signifie “TrĂ©sor du Pharaon”. La lĂ©gende raconte que l’urne aurait cachĂ© un grand trĂ©sor d’une valeur inestimable. Les impacts de balles visibles tĂ©moignent des tentatives de pillages qui ont eu lieu Ă  son encontre. NĂ©anmoins, le monument contribue Ă  alimenter le mystère autour de la citĂ© car la date et les raisons de sa construction restent encore aujourd’hui sans rĂ©ponses. 

Le monument « Le mur des rois », est un ensemble de tombes royales sculptĂ©es au cĹ“ur mĂŞme de la roche et dotĂ©es de motifs d’une grande finesse. Ces cinq tombeaux furent Ă©rigĂ©s Ă  la mĂ©moire de dignitaires nabatĂ©ens. On retrouve entre autres : le « Tombeau de l’urne”, le “Tombeau Corinthien”, le “Tombeau de Sextus Florentinus”, la “Tombe de Soie” et la “Tombe Palais”. 

Le théâtre NabatĂ©en fut Ă©rigĂ© au 1er siècle après J-C et fut par la suite agrandi par les Romains. Entre 3000 et 8500 personnes pouvaient s’y rendre afin d’assister Ă  des combats de gladiateurs, de fauves ou encore Ă  des pantomimes, accompagnĂ©s de chants et de danses. Ces vestiges furent exhumĂ©s en 1960.

Le Cardos Maximus, ou la rue en colonnade offre la possibilitĂ© d’admirer de nombreux vestiges tels que ceux du nymphĂ©e (fontaine publique), du Palais-royal, de la tour byzantine, la Porte de Temenos ou encore le temple du Qasr al Bint.

Le Qasr Al Bint, “le château de la fille du Pharaon”, est le vestige le mieux conservĂ© de la citĂ© antique de PĂ©tra. Ce sanctuaire, qui domine le cĹ“ur de la ville, est l’œuvre des NabatĂ©ens qui fut utilisĂ©e Ă  des fins sacrificielles. Par la suite, il a subi des Ă©volutions, notamment lors de la conquĂŞte romaine (AugĂ©, 2005).

Au sein des hauteurs de la citĂ© de PĂ©tra, se trouve l’El Deir (Monastère), l’un des plus grands monuments de la citĂ© qui mesure 45 mètres de long et 42 mètres de hauteur. Ce temple fut Ă©rigĂ© au cours du IIᵉ siècle après J-C et Ă©tait Ă  l’origine un lieu de culte ou de pèlerinage. Il fut par la suite transformĂ© en monastère lorsqu’au IV siècle après J-C le christianisme se diffuse dans l’ensemble de l’empire. 

Le haut lieu du sacrifice se situe au sommet de la montagne Atouf Ridge. Ce lieu de culte Ă©tait, sous l’époque des NabatĂ©ens, destinĂ© aux rituels religieux et sacrificiels donnĂ©s en l’honneur des dieux. Il est possible d’y observer deux autels : l’un destinĂ© aux sacrifices animaliers et l’autre aux offrandes. 

Une citĂ© archĂ©ologique d’une grande ingĂ©niositĂ© 

Situé au cœur des montagnes, au sein d’un environnement hostile, Pétra offre un bénéfice considérable pour l’époque. En effet, sa localisation au sein même d’une cuvette en fait un amphithéâtre naturel qui va ainsi protéger les habitants de potentiels ennemis désireux d’attaquer la cité.

Cette disposition naturelle permet Ă©galement de rĂ©cupĂ©rer une majeure partie de l’eau de pluie. Bien que les prĂ©cipitations soient peu nombreuses, elles sont fortement condensĂ©es au cours d’une pĂ©riode allant de novembre Ă  avril, qui peuvent parfois ĂŞtre d’une grande violence. Le peu de permĂ©abilitĂ© de la roche ainsi que le ruissellement sont des facteurs majeurs qui, grâce Ă  un système ingĂ©nieux, permettent la captation et le stockage de l’eau. Par l’élaboration d’un système de canalisation qui va ĂŞtre creusĂ© au cĹ“ur de la roche, les dispositifs vont permettre de rĂ©cupĂ©rer l’eau et d’alimenter de nombreuses citernes et bassins prĂ©sents au sein de la citĂ© de PĂ©tra. 

Les wadis, prĂ©sents aux alentours de PĂ©tra, vont permettre de couvrir en grande partie les besoins de la citĂ© en eau. De nouveau grâce Ă  la crĂ©ation de systèmes ingĂ©nieux, ils permettent l’acheminement de l’eau ainsi que son stockage. Ces systèmes ont permis Ă©galement au peuple nabatĂ©en de cultiver des cĂ©rĂ©ales, des fruits ou encore du coton au cĹ“ur mĂŞme du dĂ©sert. 

La maîtrise de ces ressources permet aux Nabatéens de construire de nombreux bassins et fontaines en plein cœur du désert. Des bains, inspirés des thermes romaines, sont également construits au cours du 1er siècle après J-C. Avant l’influence des romains, Pétra a pu grandement bénéficier du savoir-faire des ouvriers, des artisans ainsi que des riches habitants d’Alexandrie qui avaient fui les troupes romaines. Cette influence est perceptible à travers l’architecture de nombreux bâtiments.

Le tourisme en Jordanie : un secteur florissant en proie Ă  de nombreux maux

Grâce Ă  de nombreux acteurs tels que des historiens, des archĂ©ologues et des membres de la population locale, PĂ©tra est aujourd’hui ouverte aux visiteurs. La crĂ©ation du « Petra Tourism Development Project » en 1978, a donnĂ© un nouvel Ă©lan aux travaux archĂ©ologiques. L’engouement pour cette citĂ© est tel qu’elle est classĂ©e au Patrimoine mondiale de l’UNESCO en 1985 et est nommĂ©e comme l’une des 7 Merveilles du Monde Moderne en 2007. Ce lieu fut grandement popularisĂ© en 1989 par les films Indiana Jones et la Dernière Croisade. 

Un secteur fortement dĂ©pendant du contexte gĂ©opolitique

Selon Alrwajfah et al. (2020), le dĂ©veloppement touristique Ă  une vĂ©ritable influence sur l’économie du pays d’accueil. Cela va contribuer Ă  la crĂ©ation de nouveaux emplois, de restaurants et des services d’hĂ©bergement, Ă  l’émergence de nouvelles opportunitĂ©s d’investissements ou encore Ă  l’amĂ©lioration de la qualitĂ© de vie des habitants. Toutefois, ces effets positifs dĂ©pendent de la capacitĂ© des diffĂ©rents acteurs Ă  co-crĂ©er de la valeur (Agbokanzo, 2019).

Les chercheurs soulignent aussi que ce dĂ©veloppement Ă©conomique est liĂ© Ă  la frĂ©quentation touristique, mĂŞme s’ils mettent en garde contre les effets pervers d’une trop forte frĂ©quentation. Ce sont près de 5 millions de visiteurs par an qui se rendent sur le site de PĂ©tra afin de dĂ©couvrir ce patrimoine culturel d’exception. Depuis 2009, les six communautĂ©s qui entourent la citĂ© de PĂ©tra sont gĂ©rĂ©es par l’AutoritĂ© rĂ©gionale de dĂ©veloppement et de tourisme de PĂ©tra (PDTRA). Près de 200 guides et 1 500 propriĂ©taires de chevaux et de chameaux s’évertuent chaque jour Ă  conduire les touristes au sein de cette merveilleuse citĂ© de la Jordanie. 

Par ailleurs, le tourisme reprĂ©sente une ressource importante pour le royaume de Jordanie avec un poids dans le PIB fluctuant entre 10 et 14%. Ce secteur emploie environ 100 000 personnes. PrĂ©cisons toutefois que ces chiffres fluctuent grandement selon le contexte gĂ©opolitique du Moyen-Orient. En effet, bien que le pays connaisse la paix depuis plusieurs annĂ©es, des conflits dans les pays voisins viennent perturber la stabilitĂ© rĂ©gionale (exemple : IsraĂ«l, Palestine, Syrie, etc.). Pour consĂ©quences, les touristes font ainsi un certain amalgame et ont tendance, dès lors, Ă  boycotter le pays. 

Un secteur souvent décrié par la population locale

En Jordanie, le manque d’eau est une problĂ©matique omniprĂ©sente. Les terres cultivables reprĂ©sentent moins de la moitiĂ© du territoire. Aussi, l’inflation Ă©conomique est extrĂŞmement forte et le taux de chĂ´mage avoisine les 20%. Ainsi, certains investissements dans le secteur touristique et notamment son amĂ©nagement au sein du territoire, sont souvent associĂ©s Ă  l’imprudence Ă©tatique. 

Selon Alrwajfah et al. (2020), après dix annĂ©es d’autonomie, les rĂ©sidents persistent Ă  avoir une vision plutĂ´t nĂ©gative des avantages procurĂ©es par le tourisme. L’explication se trouve dans la rĂ©partition inĂ©gale des avantages Ă©conomiques entre tous les rĂ©sidents ainsi que le manque d’une planification touristique efficace. Selon Prigent (2012), la prĂ©sence d’un patrimoine mondial peut engendrer une dĂ©formation de la structure Ă©conomique locale. Le succès touristique de ces lieux peut avoir pour consĂ©quence d’entraĂ®ner un phĂ©nomène inflationniste. L’activitĂ© locale est fortement associĂ©e Ă  la prĂ©sence du site patrimonial ainsi que ses effets Ă©conomiques. Cela va contribuer parfois Ă  dĂ©stabiliser la population confrontĂ©e Ă  des codes de valeurs qui leurs sont Ă©trangers ou encore Ă  de nouvelles inĂ©galitĂ©s sociales et spatiales.  

Il existe également une pression exercée sur les ressources naturelles et une production trop importante des déchets. Le système de collecte, de tri ainsi que de recyclage des déchets est fortement critiqué car quasi inexistant. Au-delà de Pétra, nombreux sont les lieux touristiques qui sont sujet à la pollution par des amas de plastique qui jonchent le sol.

Ainsi, cette citĂ© caravanière souffre de nombreux maux tels que la prĂ©sence de très nombreux visiteurs ou encore de multiples dĂ©gradations dues Ă  l’érosion et Ă  l’action de l’eau. Dans l’optique de lutter contre ce flĂ©au, les responsables du dĂ©partement des AntiquitĂ©s ont fait appel Ă  l’UNESCO afin de les aider au lancement de divers projets qui ont pour but de concevoir un projet d’étude multidisciplinaire en faveur de la citĂ©, ainsi que la rĂ©alisation d’un laboratoire spĂ©cialisĂ©. Dès 1993, un projet “Parc naturel et archĂ©ologie de PĂ©tra” a Ă©tĂ© lancĂ© afin de valoriser, de sauver et de gĂ©rer dans une logique durable et solidaire, pour le prĂ©sent et le futur un des sites les plus grandioses de l’AntiquitĂ© (Bouchenaki, 1996).  

De nos jours, la citĂ© antique de PĂ©tra reste encore un mystère qui n’a pas livrĂ© tous ses secrets. Ce lieu demeure une source de fascination pour de nombreux d’archĂ©ologues et fait aujourd’hui encore l’objet de fouilles archĂ©ologiques approfondies. Depuis sa redĂ©couverte au XIXème siècle, PĂ©tra est devenue en quelques siècles un site touristique majeur du royaume de Jordanie. NĂ©anmoins, le gouvernement doit faire face Ă  diverses problĂ©matiques concernant l’environnement et la dĂ©gradation du site. Aussi, les problèmes d’alimentation en eau engendrĂ©s par le tourisme de masse, se rĂ©vèlent Ă©galement ĂŞtre problĂ©matique. Pour autant, l’inscription de la citĂ© antique au Patrimoine mondiale de l’Unesco a permis Ă  la ville de bĂ©nĂ©ficier de nombreuses subventions et d’actions de l’institution afin de prĂ©server ce site historique. De plus, le pays a souffert du printemps arabe de 2011 et souffre aujourd’hui encore des conflits des pays voisins provoquant une diminution du tourisme dans la rĂ©gion du Proche-Orient, y compris en Jordanie oĂą des rĂ©voltes internes sont inexistantes. 

BIBLIOGRAPHIE

Agbokanzo K. S. (2019) Dynamiques de contruction de l’image d’une destination touristique et leurs influences sur la participation Ă  la crĂ©ation de valeur : une application Ă  la destination Blois Chambord – Val de Loire Thèse de Doctorat en Sciences de Gestion de l’UniversitĂ© de Tours.

Alrwajfah M. M., Almeida-GarcĂ­a F. et CortĂ©s-MacĂ­as R. (2020) Females’ perspectives on tourism’s impact and their employment in the sector : The case of Petra, Jordan Tourism Management (78) DOI : 10.1016/j.tourman.2019.104069.

Augé C. (2005) Nouvelles recherches autour du Qasr Al Bint à Pétra (Jordanie) Revue Archéologique (1) : 186-192. Retrieved February 6, 2021.

Bouchenaki M. (1996a) Action de l’UNESCO en faveur de la prĂ©servation du patrimoine culturel de l’AntiquitĂ© Bulletin de la SociĂ©tĂ© Nationale des Antiquaires de France 1994(1) : 76‑86. 

NehmĂ© L. (1997) L’espace cultuel de PĂ©tra Ă  l’Ă©poque nabatĂ©enne Topoi. Orient-Occident 7(2) : 1023-1067. 

Prigent L. (2012) Le patrimoine mondial est-il un mirage économique ? Tourisme et patrimoine mondial 30(2) : 6‑16.

machu picchu - InTerreCo

Le Machu Picchu : le prodige architectural de l’empire Inca

InTerreCo pose un regard neuf sur les hauts lieux touristiques du monde. Les membres du collectif ambitionnent de questionner leurs impacts sur les territoires qui les hĂ©bergent, en termes d’attractivitĂ© et d’identitĂ© culturelle, voire de retombĂ©es socio-Ă©conomiques et environnementales. Eu Ă©gard Ă  cette ambition, quoi de mieux que d’Ă©tudier les 7 Merveilles du Monde Moderne sur une sĂ©rie de 7 articles ?! En ce mois de dĂ©cembre, la troisième Merveille du Monde mise Ă  l’honneur est le Machu Picchu. Ainsi, après l’Inde et la Chine, c’est au PĂ©rou, sur le continent amĂ©ricain, que nous partons dĂ©couvrir l’un des 7 sites d’exception du monde contemporain.

Le Machu Picchu : le plus grand héritage oublié de la civilisation Inca

HĂ©ritage oubliĂ© de la civilisation Inca, ce site d’envergure internationale est considĂ©rĂ© comme un « joyau perdu » qui est rĂ©apparu dans le patrimoine mondial au 20ème siècle…

Une cité perdue retrouvée

RĂ©vĂ©lĂ© aux yeux du monde en 1911, par l’archĂ©ologue amĂ©ricain Hiram BINGHAM, ce chef-d’oeuvre architectural a intĂ©grĂ© la liste du Patrimoine Mondial de l’UNESCO en 1983. Dans la langue Quechua, « Macchu » signifie vieille et « Picchu » symbolise le sommet de la montagne. Ainsi, le Machu Picchu constitue l’hĂ©ritage le plus remarquable de la civilisation inca. Il apparaĂ®t comme une Ĺ“uvre artistique et architecturale singulière, unique en son genre et d’une ingĂ©niositĂ© sans pareille en matière d’amĂ©nagement du territoire Ă  l’Ă©chelle mondiale. L’enchâssement du site archĂ©ologique Ă  son environnement naturel est la preuve d’une possible coexistence harmonieuse et d’une grande beautĂ© entre l’homme et la nature (Luciano P., 2011).

Un monument géographiquement singulier

Reconnue aux yeux de tous pour être dotée de valeurs culturelles et naturelles d’une grande rareté, cette ancienne forteresse culmine à près de 2 430 mètres d’altitude et s’étend sur plus de 32 000 hectares de pentes montagneuses, de vallées ainsi que de pics, encerclant “La Ciudadela”, monument prodigieux, composant le cœur du site archéologique.

Ce chef-d’Ĺ“uvre d’architecture s’harmonise de manière singulière avec son environnement naturel auquel il est profondĂ©ment liĂ©, avec cette particularitĂ© qui Ă©tonne les visiteurs : le plus spectaculaire est invisible car 50 Ă  60% de l’ingĂ©niositĂ© architecturale de cette merveille est souterraine.

Un Ă©difice Ă  l’image de la puissance de l’empire Inca

À la fois centre religieux, cérémoniel mais également astronomique et agricole, il fut construit sous la civilisation Inca, au cours du XVᵉ siècle. Ce fut l’empereur Inca Pachacutec, un des plus éminents dirigeants du Tahuantinsuyo, qui découvrit ce lieu suite à une campagne militaire. La beauté du lieu et sa singularité topographique, le rendant stratégiquement facile à défendre, séduisirent l’empereur. La ville-citadelle fut érigée entre 1483 et 1471. Ainsi, de nombreux archéologues crurent que la vocation première du site fut défensive et militaire. 

A cette époque, l’empire Inca connaissait une véritable période de prospérité. Certains archéologues affirment que le site du Machu Picchu fut construit en l’honneur de la victoire des Incas sur le peuple Chancas. Ses lignes imposantes devaient le distinguer des édifices des cités avoisinantes. Son prestige attira les Incas qui vinrent s’y installer en nombre.

Une résidence de la royauté impériale

Le Machu Picchu fut aussi utilisé comme une résidence royale, lieu de repos pour l’empereur et sa famille “panaka”. Dans la culture Inca, chaque nouvel empereur se devait de construire ses propres demeures. Il était impensable pour eux de s’installer dans des demeures édifiées par l’un de leurs prédécesseurs au risque de cotoyer leurs esprits qui continueraient à y circuler. C’était également un moyen de fuir la pression politique de la capitale.

Un symbole de puissance économique 

Ce site archéologique peut, selon de nombreux archéologues, se diviser en 2 grandes parties : La première zone destinée à l’agriculture. Centre économique d’une grande importance pour le peuple Inca, les paysans entretenaient des champs artificiels afin de nourrir l’intégralité de la population. Néanmoins, le climat régional n’était aucunement propice à la culture. Afin de retenir l’eau, le peuple inca a élaboré un système hydrique d’une grande ingéniosité pour l’époque (Wright K. R., Kelly J. M. et Zegarra A. V., 1997). Aux terrasses, s’apparentant à des escaliers, furent intégrées des galeries de filtrages. Ainsi, la couche de fond était constituée de roche, celle intermédiaire de sables et la couche supérieure de terre arable. Sans ce procédé ingénieux, les inondations auraient emporté l’intégralité des cultures.

Selon l’altitude et le climat, les champs recevaient la cola, la pomme de terre, les haricots, du maïs ou encore le coton. Tout près du site, se trouvait la capitale de l’empire Inca, Cuzco, permettant l’acheminement permanent de produits, sans aucune nécessité de stockage. Le Machu Picchu constituait à lui seul l’entrepôt agricole de la région.

Un centre urbain dynamique

Poumon économique, le Machu Picchu était aussi un centre urbain et religieux d’une grande importance, qui constituaient la seconde zone du sanctuaire. Composé de plus de 200 constructions et édifié sur une crête escarpée, cette zone était divisée en deux parties distinctes : la haute ville (Hanan) et la basse ville (hurin).

Les Ă©difices furent bâtis selon une technique de maçonnerie remarquable pour l’époque. Ils Ă©taient le rĂ©sultat d’un travail de prĂ©cision de grande envergure, montĂ©s entièrement Ă  la main. Pour preuve, la prĂ©sence de magnifiques temples, Ă  l’architecture travaillĂ©e en pierres polies : le Temple du Soleil, le Temple de la lune ou encore le Temple du Condor. Ces monuments sont capables de rĂ©sister aux sĂ©ismes, frĂ©quents dans la rĂ©gion. De par la proximitĂ© des roches, elles retrouvent de manière naturelle leur place initiale après une Ă©ventuelle secousse.

Un Ă©difice d’une ingĂ©niositĂ© sans prĂ©cĂ©dents

L’ingéniosité dont a fait preuve le peuple inca à travers l’utilisation d’une technologie éprouvée ainsi que l’attention portée au processus de construction des structures du sanctuaire, ont permis à ce dernier de traverser les siècles (Cuadra C., Sato Y., Tokeshi J., Kanno H., Ogawa J., Karkee M. B. et Rojas, J., 2005). Si lors de sa construction, les fondations n’avaient pas été le fruit d’une réflexion profonde, les glissements de terrain ainsi que les tremblements auraient emporté le sanctuaire depuis longtemps (Petroski H., 2009).

Une ville sacralisée

Des études plus approfondies ont affirmé que la cité était également un lieu de culte avec des espaces dédiés. Certains archéologues et anthropologues ont affirmé que ce sanctuaire est lié au Divin. Le choix du lieu, au sommet d’une montagne, symboliserait la volonté des Incas d’affirmer leur suprématie en se de se rapprochant du Soleil. Le lieu est ceint par la rivière sacrée Urubamba et circonscrit par les sommets de la Cordillère des Andes. Dans la culture inca, le soleil est une divinité, les montagnes sont source de vénération et l’eau est sacralisée. Nombreuses sont les constructions présentes au sein de la ville qui s’alignent sur le soleil selon la période de l’année.

L’Intihuatana, l’autel dédié au Soleil, l’un des monuments les plus connus du Machu Picchu, signifie “le lieu où s’attache le soleil”. Il est présent au sommet du site archéologique et est le parfait exemple de cette relation à la divinité. Il a été longtemps affirmé que le site abritait les “Nustas” qui étaient des vierges mariées au soleil et qui consacraient l’intégralité de leur existence au culte d’Inti, le Soleil. 

Les montagnes situées aux alentours, bien plus hautes, vont avoir cette capacité de contrôler la météo et par conséquent, la fertilité de la terre et des animaux. Ces dernières revêtent le rôle de protectrices et de divinités de la guerre pour les peuples vivants auprès d’elles et les vénérant. D’autres édifices sont dirigés vers ces dernières, où l’âme de ceux qui sont partis est censée reposer.

Une cité perdue à la fin de la civilisation Inca

En 1531, l’empire Inca s’effondre. Les conquistadors espagnols, dotĂ©s d’armes Ă  feu et de chevaux terrifient les populations locales. Lors de leur arrivĂ©e, une guerre civile a Ă©clatĂ© suite Ă  la haine des peuples locaux Ă  l’encontre des Incas. L’empire se retrouve dès lors en proie Ă  une guerre de succession. Il ne faudra que peu d’efforts aux conquistadors, dĂ©sireux d’acquĂ©rir les vastes richesses prĂ©sentes au sein de la citĂ©, pour le conquĂ©rir. RĂ©sistants pendant de nombreuses annĂ©es, les habitants fuirent progressivement la citĂ© pour retourner vivre dans leur village d’origine. En 1532, le dernier empereur Inca, Atahualpa, fut assassinĂ© par l’Espagnol Pizzaron, mettant ainsi un terme Ă  la civilisation Inca.

Le Machu Picchu : un monument national…

… Au service du tourisme

Le tourisme a gĂ©nĂ©rĂ© une Ă©conomie locale florissante. Il n’était pas rare d’y voir de nombreuses entreprises familiales telles que des restaurants, des auberges ou encore des artisans ou des commerçants vendant de la cĂ©ramique, du textile ou encore des souvenirs en rĂ©ponse Ă  la consommation touristique (Luciano, P; 2011). Chaque annĂ©e, ce sont près de 1 500 000 visiteurs qui viennent dĂ©couvrir la citĂ© perdue, faisant de ce site archĂ©ologique, la première attraction touristique du pays. En 1965, l’État pĂ©ruvien a conçu le “Plan TurĂ­stico y Cultural de la ComisiĂłn Especial (plan COPESCO), en coopĂ©ration avec l’UNESCO afin de restaurer les ruines archĂ©ologiques.

Aujourd’hui, la rĂ©gion de Cuzco n’est plus uniquement reconnue comme symbole par l’UNESCO pour la singularitĂ© de ses caractĂ©ristiques culturelles et naturelles ainsi que de ses sites reconnus au rang de patrimoine mondial. Cette rĂ©gion est devenue un centre touristique accueillant des milliers, voire des millions de visiteurs, provenant majoritairement des rĂ©gions d’Europe et du Nord de l’AmĂ©rique.

De nombreux autochtones quechuas sont encore aujourd’hui présents dans les zones rurales et vivent dans les hautes altitudes des Andes. Les touristes apprécient grandement leur présence et les associent, bien souvent, à la représentation la plus pure du peuple Inca. C’est ainsi que naquit une stratégie de marketing ethnique, mise en place par de nombreuses agences de voyages “Ils sont des descendants directs du peuple Inca, alors n’oubliez pas que ce sont leurs ancêtres qui ont bâti les nombreuses merveilles qui sont à l’origine de votre appétence pour le Pérou”   (Arellano A., 2011).

Néanmoins, le tourisme de masse a un impact négatif sur le site qu’il détériore et fragilise.

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et en proie Ă  la menace environnementale

En matière environnementale, de nombreuses inquiĂ©tudes ont Ă©mergĂ© face aux pillages, Ă  la collecte de bois et de plantes Ă  destination de la vente ou encore Ă  cause de la mauvaise gestion des dĂ©chets ou au braconnage, amenant Ă  la destruction silencieuse d’un Ă©cosystème tout entier. La pollution de l’eau, causĂ©e par les dĂ©chets de l’urbanisation et par les produits agrochimiques qui sont dĂ©versĂ©s dans l’Urubamba, contribue Ă  alimenter progressivement la disparition de l’environnement.

Les solutions apportĂ©es par l’État PĂ©ruvien

Au cours de l’année 1981, le gouvernement péruvien, par l’intermédiaire de l’Institut National des Ressources Naturelles (INRENA) a déclaré de manière officielle que le sanctuaire du Machu Picchu était un site naturel et archéologique protégé (Arellano A., 2011).

Le sanctuaire est aujourd’hui placé sous l’autorité de l’État péruvien et intégré au réseau national des aires protégé du pays. Une juridiction a été établie afin de le protéger. En 1999, l’Unité de gestion du Sanctuaire historique de Machu Picchu (UGM) a été conçue afin de mettre en application des stratégies de gestion du site.

L’État pĂ©ruvien a Ă©galement instaurĂ© de nombreuses mesures afin de prĂ©server cet hĂ©ritage du passĂ©. Ainsi, le gouvernement a cherchĂ© Ă  rĂ©guler le flux de touristes : chaque jour, le nombre de visiteurs est limitĂ© Ă  2 500 personnes. NĂ©anmoins, ce chiffre n’est pas immuable et il se peut que, dans un avenir proche, il soit revu Ă  la baisse. Les autoritĂ©s ont aussi instaurĂ© un système de tranches (matin, midi, après-midi), qui couvre chacune, trois heures, Ă©vitant ainsi une trop grande masse de tourisme.

Un mystère qui n’a pas encore livrĂ© tous ses secrets […]

Après la conquĂŞte espagnole, le Machu Picchu fut oubliĂ© pendant de nombreux siècles. Sa dĂ©couverte, en 1911, l’a remis sur le devant de la scène international, faisant de ce monument une des merveilles architecturales et d’ingĂ©niositĂ© unique au monde. MalgrĂ© de nombreuses recherches, le Machu Picchu reste un mystère qui n’a pas encore livrĂ© tous ses secrets.

Bibliographie

Arellano, A. (2011). Tourism in poor regions and social inclusion : the porters of the Inca Trail to Machu Picchu. World Leisure Journal, 53(2), 104‑118. 

Cuadra, C., Sato, Y., Tokeshi, J., Kanno, H., Ogawa, J., Karkee, M. B., & Rojas, J. (2005). Evaluation of the dynamic characteristics of typical Inca heritage structures in Machupicchu. WIT Transactions on The Built Environment, 83.

Luciano, P. (2011). Where are the Edges of a Protected Area? Political Dispossession in Machu Picchu, Peru. Conservation and Society, 9(1), 35-41. 

Petroski, H. (2009). Engineering: Machu Picchu. American Scientist, 97(1), 15-19. Retrieved. 

Wright, K. R., Kelly, J. M., & Zegarra, A. V. (1997). Machu Picchu : Ancient Hydraulic Engineering. Journal of Hydraulic Engineering, 123(10), 838‑843. 

InTerreCo pour un tourisme durable et responsable

InTerreCo pour un tourisme durable et responsable

« Protéger, exceller, développer »

Le Grand Chambord et le Domaine national de Chambord, mobilisés en vue du label « Grand site de France », un grand projet de tourisme durable et de proximité !

La CommunautĂ© de Communes du Grand Chambord (CCGC) et le Domaine national de Chambord portent un projet stratĂ©gique pour un territoire d’exception !  Ce 2 novembre 2020[1], le Domaine national de Chambord devait accueillir l’ensemble des acteurs locaux et rĂ©gionaux, Ă  l’occasion de la prĂ©sentation du projet “Grand Site de France” et du plan d’action portĂ© par la CCGC et le Domaine. OrganisĂ©e sous l’égide d’Yves ROUSSET, prĂ©fet de Loir-et-Cher, Gilles CLÉMENT, PrĂ©sident de la CCGC et de Jean D’HAUSSONVILLE, Directeur GĂ©nĂ©ral du Domaine national de Chambord, la confĂ©rence devait ĂŞtre conduite par Koffi Selom AGBOKANZO, maĂ®tre de confĂ©rences, accompagnĂ© des membres du collectif In-Terre-Co. La pandĂ©mie en a dĂ©cidĂ© autrement et l’Ă©vènement se tiendra ultĂ©rieurement. Ce dĂ©lai supplĂ©mentaire est mis Ă  profit pour apporter un Ă©clairage plus approfondi sur une initiative singulière et prometteuse.

« L’identité de notre territoire est associée aux habitants qui participent au quotidien à sa construction et au Domaine national de Chambord, classé au patrimoine mondial de l’humanité. Aujourd’hui, dans une perspective de développement local, nous voulons fédérer les acteurs économiques et la population autour de ce pôle majeur d’attractivité. » souligne un élu de la Communauté de Communes du Grand Chambord.

Afin de mener Ă  bien cette grande ambition, les Ă©lus, assistĂ©s par le collectif In-Terre-Co sur le volet marketing territorial, lancent l’opĂ©ration « Grand site de France ». Pour acquĂ©rir ce label, le territoire engage une politique de tourisme durable et responsable tournĂ©e vers les acteurs Ă©conomiques locaux et les rĂ©sidents. L’objectif est d’associer les Ă©nergies et les ressources locales dans une mĂŞme dynamique de valorisation du territoire. Cette mise en lumière passe par le soutien Ă  la crĂ©ation d’offres de biens et de services originaux et authentiques, l’appui aux programmes de prĂ©servation des lieux et des paysages et l’invitation faites Ă  toutes les parties prenantes de devenir les ambassadeurs du territoire.

Initiée en 2019 à la demande des élus du Grand Chambord alors que l’épidémie de la Covid-19 ne sévissait pas, cette réflexion se révèle stratégique dans le contexte actuel de crise sanitaire.

En savoir plus sur

Le label « Grand site de France » est dĂ©cernĂ© pour une durĂ©e de 6 ans par le ministère de la transition Ă©cologique et solidaire. Ce label est attribué en fonction de critères d’éligibilitĂ© rigoureux portant sur la protection, la rĂ©habilitation et la gestion active du paysage, l’accueil des visiteurs et le dĂ©veloppement local durable (cf. Art. L. 341-15-1 du code de l’environnement). 

La Communauté de Communes du Grand Chambord réunit 16 communes pour lesquelles elle gère de nombreuses compétences dont le développement économique et touristique. Les 43 élus communautaires issus des 16 communes membres se réunissent régulièrement lors de conseils communautaires. Par leurs votes, ils définissent les politiques à mener, les équipements à construire et les services à mettre en place sur le territoire. La Communauté de communes compte 21064 habitants et 997 entreprises.

Le Domaine national de Chambord          
Inscrit depuis 1981 au patrimoine mondial de l’UNESCO, le Domaine national de Chambord a fêté ses 500 ans en 2019. Établissement culturel national, Chambord n’a de cesse de développer la fréquentation de son château qui atteignait plus d’un million de visiteurs en 2018. Au cours des ans, Chambord a noué de prestigieux partenariats internationaux avec la Chine, l’Inde et l’Italie. Aujourd’hui Chambord veut incarner le tourisme de demain, tourné vers la famille et la détente et valoriser ses milliers d’hectares de nature préservée.

InTerreCo : un collectif au service du rayonnement territorial
InTerreCo est la rencontre de cinq professionnels partageant une mĂŞme vision d’un tourisme durable et responsable. Le collectif s’enrichit des nombreux projets co-portĂ©s par ses diffĂ©rents membres et des contributions de ses chercheurs tant conceptuelles que mĂ©thodologiques. Dans ce « think tank », scientifiques et praticiens confrontent sans cesse leurs connaissances thĂ©oriques et leurs expĂ©riences terrain afin de gagner ensemble en savoirs, en compĂ©tences, en capacitĂ© d’adaptation et d’anticipation. 

Pour plus d’informations, contactez :

Koffi Selom AGBOKANZO
Dr-PhD / MaĂ®tre de confĂ©rences en Sciences de Gestion et du Management de l’UniversitĂ© Catholique de l’Ouest – UCO Nantes

Mail : kagbokanzo@uco.fr https://interreco.fr/

 

[1] Compte tenu des mesures sanitaires actuelles, l’évènement est reporté à une date ultérieure.

InTerreCo Grande muraille de Chine

La Grande Muraille de Chine : une Ĺ’uvre architecturale d’ingĂ©niositĂ©

InTerreCo pose un regard neuf sur les hauts lieux touristiques du monde. Les membres du collectif ambitionnent de questionner leurs impacts sur les territoires qui les hĂ©bergent, en termes d’attractivitĂ© et d’identitĂ© culturelle, voire de retombĂ©es socio-Ă©conomiques et environnementales. Eu Ă©gard Ă  cette ambition, quoi de mieux que d’Ă©tudier les 7 Merveilles du Monde Moderne sur une sĂ©rie de 7 articles ?! Pour le mois d’octobre, la seconde destination de notre pĂ©riple des 7 Merveilles du Monde Moderne est la Chine ! Après avoir dĂ©butĂ© notre voyage en Inde, Ă  la dĂ©couverte du Taj Mahal, nous allons aujourd’hui dĂ©couvrir une autre merveille architecturale et d’ingĂ©niositĂ© : la Grande muraille de Chine.

La Grande muraille de Chine : héritage d’une prouesse stratégique militaire ingénieuse

La Grande Muraille de Chine fut Ă©lue, au cours dans l’annĂ©e 2007, parmi l’une des 7 Merveilles du Monde Moderne. Mais dès 1987, elle avait fait son entrĂ©e dans le cercle très fermĂ© des chefs-d’œuvre de l’humanitĂ© en Ă©tant classĂ©e au patrimoine mondial de L’Unesco. Ă€ l’image d’un dragon dominant montagnes, dĂ©serts, vallĂ©es et plateaux, ce monument impressionnant s’étend aujourd’hui de l’Est Ă  l’Ouest, sur plus de 20 000 kilomètres. Cet Ă©difice est aujourd’hui considĂ©rĂ© comme le plus long mur au monde. 

Vidéo N°1

Véritable prouesse architecturale, la Grande Muraille de Chine est avant tout un exploit stratégique défensif unique au monde, datant d’une période aujourd’hui révolue. Dans sa conception, elle a été imaginée comme un système militaire d’une grande habilité destiné, dans un premier temps, à défendre l’empire (Ganster, P., & Lorey, D. E, 2004), comportant une multitude d’éléments stratégiques tels que des tours de guet, des forteresses ou encore des tours d’alarmes. 

Sa construction, dĂ©butĂ©e au IIIᵉ siècle avant J-C sous la dynastie Ming, s’est poursuivie jusqu’au XVIIᵉ siècle après J-C. Au cours de ces deux millĂ©naires, la Grande Muraille a subi de nombreuses transformations : reconstruite Ă  plusieurs reprises, et de manière plus Ă©laborĂ©e, grâce aux dĂ©couvertes de nouvelles techniques d’édification. D’une hauteur de 7.8 mètres en moyenne, elle peut atteindre 14 mètres Ă  certains endroits. 

Ce chef-d’œuvre est le reflet des conflits et des échanges entre la civilisation nomade et agricole présente au sein de l’empire du Milieu. Durant des siècles, elle a symbolisé la puissance militaire et défensive du pays. Sans compter que tout cela illustre une ingéniosité architecturale, technologique ainsi que celles des arts militaires. 

L’édification de la Grande Muraille de Chine dĂ©fie … l’espace et le temps

Construite en tant que fortification pour les Ă©tats Zhao, Qin et Yan, elle fut par la suite Ă©tendue et rĂ©novĂ©e durant des siècles. L’Ă©dification de la Grande Muraille traversa l’espace et le temps, les diffĂ©rentes provinces (Qinghai, Gansu, Shaanxi, Hebei, Shandong, Liaoning, Ningxia, Mongolie intĂ©rieure, PĂ©kin) ainsi que les dynasties et les royaumes qui se succĂ©dèrent en Chine. Au dĂ©part indĂ©pendantes, les diffĂ©rentes parties de la muraille furent unifiĂ©es, sous l’empereur Qin Shi Huang. Elle constituait un moyen dĂ©fensif de repousser la menace ennemie que reprĂ©sentaient les Huns. Sous la dynastie Han, la muraille fit l’objet d’extension afin de protĂ©ger la route de la Soie, dĂ©bouchĂ© Ă©conomique de premier plan pour le pays. 

D’une main d’œuvre hétérogène ….

On sait peu de choses sur les mĂ©thodes employĂ©es pour la construction. La Grande Muraille est probablement l’œuvre des soldats, des paysans et des prisonniers qui furent employĂ©s comme main d’Ĺ“uvre pour bâtir ce joyau d’ingĂ©niositĂ©. En complĂ©ment de la population rurale, des rebelles et des prisonniers politiques ont Ă©tĂ© mis Ă  contribution.

Et de matériaux divers et variés. 

A l’image de la diversité des régions qu’elle traverse, la Grande Muraille de Chine a été construite à l’aide d’une grande diversité de matériaux : des pierres, de la terre, du sable ou encore des briques. 

Un monument aux valeurs universelles mis au service du rayonnement territorial 

La Chine s’érige au second rang des pays ayant le plus de sites inscrits au patrimoine Mondial de l’UNESCO, après l’Italie. C’est ainsi que l’empire du milieu compte une cinquantaine de sites dĂ©tenant le label et soumis Ă  une politique de prĂ©servation du patrimoine. Il est Ă©vident que le pays dĂ©tient un fort et puissant hĂ©ritage culturel et de somptueux paysages. Parmi la multitude de sites culturels, certains sont connus universellement comme le Palais d’étĂ© ou encore celui qui nous intĂ©resse, la Grande Muraille de Chine (Meyer C, 2018).

La Grande Muraille  de Chine : un vecteur de la diffusion culturelle

Aujourd’hui encore, ce monument est un marqueur culturel au sein mĂŞme du pays et Ă  l’international. Il est considĂ©rĂ© comme l’une des fiertĂ©s nationales du pays, symbole de toute une nation (O. Arifon, 2012). Pour preuve, il est prĂ©sent dans le premier couplet de l’hymne national chinois. Ce chef-d’œuvre architectural est l’incarnation mĂŞme de la puissance culturelle et militaire de la Chine. 

Devenu le site touristique le plus important en Chine, il témoigne de la capacité de la nation à préserver son patrimoine ainsi que son ouverture au monde. La Grande Muraille de Chine est une source d’inspiration dans divers domaines culturels tels que la peinture, la poésie ou le cinéma.

Un monument à forte portée symbolique 

Ce chef-d’œuvre d’ingĂ©nierie fut, au cours des siècles, associĂ© Ă  la mythologie et au symbolisme du pays. Elle est Ă  l’image du peuple chinois, de sa clairvoyance, de  son courage et de sa persĂ©vĂ©rance. Sa prĂ©sence rappelle aussi les nombreux sacrifices et la souffrance d’innombrables familles qui furent sĂ©parĂ©es, d’ouvriers qui pĂ©rirent au cours de son Ă©dification et qui furent enterrĂ©s au pied des fondations. Elle est aussi le symbole de l’unification de tout un pays autour d’une cause commune Paradoxalement, elle revĂŞt la volontĂ© de toute une nation de se protĂ©ger du reste du monde et de prĂ©server sa propre culture.

Un chef-d’œuvre au cœur de la culture populaire

La Grande Muraille inspira de nombreuses légendes, faisant aujourd’hui partie intégrante du folklore national. Une des légendes les plus célèbres est celle de Meng Jiangnu qui fit s’écrouler une partie du mur à la force de ses larmes, tant son chagrin fut grand suite au décès de son époux.

Une autre lĂ©gende des plus connues est celle  Xifengkou : « un homme, au cours de la dynastie Qin, fut envoyĂ© loin des siens pour contribuer Ă  la construction du mur. L’hiver arrivant, le père du jeune homme, surpris que ce dernier ne revienne pas, partit Ă  sa recherche. Durant le trajet, ils se croisèrent sur la colline Songtime. Heureux de se retrouver, ils rirent jusqu’Ă  en mourir. C’est ainsi que le lieu oĂą ils reposent a Ă©tĂ© renommĂ© Xifengkou (passage du pic du bonheur) ».

Autre que ces lĂ©gendes, ce chef-d’œuvre inspira de nombreux poètes au cours des siècles. Dans l’un des poèmes les plus connus, le prĂ©sident Mao a dĂ©crit ce chef-d’œuvre par ces mots : “ jusqu’Ă  ce que vous atteigniez la Grande Muraille, vous n’êtes pas un hĂ©ros” – symbole Ă  ses yeux de la capacitĂ© Ă  surmonter les difficultĂ©s avant d’atteindre les objectifs.

Aussi, la culture populaire qui entoure la Grande Muraille s’est dĂ©veloppĂ©e grâce Ă  la production de billets de banque et de pièces de monnaie, mais Ă©galement de timbre.

La Grande Muraille de Chine face au tourisme

Il est important de savoir que le tourisme est une consĂ©quence de l’inscription de nombreux sites en tant que patrimoine mondial de l’Unesco, causĂ© par leur importance naturelle et culturelle. Ainsi, on leur reconnait une valeur de prĂ©servation et une valeur universelle au niveau mondiale, par la mise en lumière du site et par la stimulation qu’il engendre. Ainsi, le statut de patrimoine mondial va ĂŞtre considĂ©rĂ© comme une marque (un label), garantissant une attractivitĂ© rĂ©gionale, une expĂ©rience visiteur unique qui ne cesse d’en attirer de nouveaux et insufflant une fiertĂ© nationale (SU, MM & Wall, G, 2014).

En Chine, la Grande Muraille fut l’un des premiers sites inscrits au patrimoine mondial de l’UNESCO en 1987. En quelques années, elle est devenue la principale attraction touristique de l’empire du Milieu, voire de l’Asie tout entière. Chaque année, on note entre 15 et 16 millions de personnes qui visitent ce bijou d’ingéniosité militaire.

Au vu de cet engouement flagrant, le gouvernement chinois a décidé de mener des politiques de restauration de la Muraille. Néanmoins, les aménagements touristiques qui ont été conçus se sont très vite transformés en une menace pour la structure du monument. Il est important de savoir que la préservation du patrimoine et le développement  touristique sont deux concepts qui peuvent se caractériser par une symbiose mais également des tensions (Su, MM & Wall, G, 2014).

Un monument qui tend Ă  disparaitre au fil des ans

Construit il y a près de deux millénaires, la Grande Muraille de Chine n’est aujourd’hui plus visible à son état originel. Selon une étude rendue publique par le gouvernement chinois, 30% de la Muraille a disparu, soit plus de 2000 km. Cela serait les conséquences des  nombreuses dégradations naturelles et humaines subi par le monument. 

Entre les années 60 et 80, nombreux sont les pillages qui ont eu lieu. Certains habitants qui résidaient tout au long du mur, faisaient usage des pierres de la muraille pour bâtir leur propre habitation. De par leur pauvreté, les pierres représentaient la seule matière première disponible et peu chère à leur portée. Par ailleurs, ces pillages se sont produits au cours d’une période bien particulière, la révolution culturelle, ou l’État chinois avait déclaré la nécessité de se débarrasser de toute trace du passé. La période de prospérité qui s’en est suivi a mis un terme à ces pillages. Toutefois, un fléau aussi inquiétant que le premier a émergé : les collectionneurs ou les amateurs de la muraille peuvent se procurer des pierres pour une valeur pécuniaire bien plus faible que leur valeur symbolique sur le marché noir. 

D’autre part, de nos jours, le tourisme devient une nouvelle menace pour la prĂ©servation du monument. En piĂ©tinant les pierres et en prĂ©levant certaines directement de la structure, cela n’a fait qu’accĂ©lĂ©rer sa dĂ©gradation. Ainsi, c’est une part de l’histoire qui n’est plus visible Ă  l’Homme d’aujourd’hui. Nombreuses sont les parties qui sont manquantes et qui appartenaient Ă  des dynasties antĂ©rieures, Ă  jamais disparues. 

Une réponse radicale de l’État chinois

L’ANPC (Administration National du Patrimoine Culturelle) a mené une campagne afin de lutter contre les dégradations criminelles réalisées à l’encontre de la Grande Muraille. Cette dernière a pour finalité de réaliser des inspections aléatoires et régulières de la muraille par les autorités. L’organisme a également mis en place une ligne téléphonique à destination des citoyens afin que ces derniers les informent du moindre acte de vandalisme. 

De surcroît, une législations a été instaurée afin de contribuer à la préservation de ce monument par le gouvernement chinois. Chacune des composantes de la muraille ont été classées comme des sites protégés par le gouvernement Chinois, par la loi de la République Populaire de Chine sur la protection des reliques culturelles. Promulguées au cours de l’année 2006, des réglementations relatives à la protection et à la préservation de la Grande Muraille de Chine,  constituent à elles seules un document destiné à la gestion et à la conservation du bien. À savoir qu’une série de plans de conservation de la Grande Muraille, soumise à de constantes améliorations et se voit étendue, va couvrir de nombreux niveaux. Des fonds sont également recueillis et des mesures de restauration et d’entretiens sont de vigueur. 

La Grande Muraille de Chine est à l’image de l’histoire de sa nation. Inscrite au patrimoine mondial de l’UNESCO en 1987, elle est devenue un monument aux valeurs universelles, reconnaissable de tous et connue à travers le monde. Elle a permis à la Chine de diffuser sa culture par l’intermédiaire des arts, que ce soit la peinture, la poésie ou encore son folklore. Aujourd’hui, comme beaucoup d’autres monuments à travers le monde, elle subit le contrecoup de sa notoriété et des politiques touristiques mis en place : elle dépérit d’année en année, perdant peu à peu des pans entiers de son histoire. Face à ce constat, l’État chinois a pris un ensemble de mesures destinées à préserver la valeur symbolique de ce monument, qui constitue le cœur de son patrimoine culturel.

Bibliographie

Arifon, O. (2012). Chine : de la muraille à Internet, permanence du contrôle étatique. Hermès, La Revue, 63(2), 160-164.

Ganster, P., & Lorey, D. E. (Eds.). (2004). Borders and border politics in a globalizing world. Rowman & Littlefield Publishers.

Meyer, C. (2018). L’Occident face Ă  la renaissance de la Chine : dĂ©fis Ă©conomiques, gĂ©opolitiques et culturels. Odile Jacob.

Su, MM et Wall, G. (2014). Participation communautaire au tourisme sur un site du patrimoine mondial : la Grande Muraille de Mutianyu, Pékin, Chine. Journal international de recherche touristique, 16 (2), 146-156.

 

InTerreCo : Taj Mahal

Le Taj Mahal : un joyau architectural au service d’un territoire

InTerreCo pose un regard neuf sur les hauts lieux touristiques du monde. Les membres du collectif ambitionnent de questionner leurs impacts sur les territoires qui les hĂ©bergent, en termes d’attractivitĂ© et d’identitĂ© culturelle, voire de retombĂ©es socio-Ă©conomiques et environnementales. Eu Ă©gard Ă  cette ambition, quoi de mieux que d’Ă©tudier les 7 Merveilles du Monde Moderne sur une sĂ©rie de 7 articles ?! Fidèle Ă  notre ligne directrice sur les « territoires interconnectĂ©s », nous vous amenons Ă  ouvrir une nouvelle fenĂŞtre sur les beautĂ©s du monde Ă  travers les 5 continents. La première Ă©tape de ce pĂ©riple vous conduit Ă  la dĂ©couverte de la merveille phare de l’Inde : le Taj Mahal !

Jadis, les Grecs furent Ă  l’origine de la crĂ©ation d’une liste regroupant 7 Merveilles du Monde, prĂ©sentes initialement aux alentours de la mĂ©diterranĂ©e Orientale. Elles furent pour eux, considĂ©rĂ©es comme une ode Ă  la beautĂ© ainsi qu’Ă  la culture qui leur avait donnĂ©e vie (Barbier, 1995). NĂ©anmoins, au fil des siècles, 6 de ces 7 Merveilles du monde Antique disparurent, ne laissant plus que l’unique possibilitĂ© d’admirer l’ultime survivante : la Pyramide de KhĂ©ops, en Égypte. Face Ă  cela, ont Ă©tĂ© nommĂ© au cours de l’annĂ©e 2007, 7 nouvelles « Merveilles du Monde » des temps Modernes1, incluant le Taj Mahal.

Un patrimoine national aux valeurs universelles 

En 1983, le Taj Mahal, aussi appelé “Palais de la Couronne” en Perse, rejoint la liste du patrimoine mondiale de l’UNESCO. Cette dernière a pour ambition de préserver un monument aux valeurs universelles et uniques. Cette inscription va ainsi représenter un véritable enjeu économique pour le territoire indien, devenant un vecteur de visibilité internationale. Grâce à cela, le “monument de l’amour” comme le surnomme les locaux, voit sa notoriété franchir les frontières du pays. Il devient par la même occasion un véritable outil de développement territoriale, dynamisant de nombreux domaines annexes tels que le commerce, l’urbanisme, etc.

Cette visibilitĂ© internationale va s’accroĂ®tre encore plus en 2007 avec l’organisation d’un vote prestigieux Ă  l’Ă©chelle planĂ©taire. En effet, la New Seven Wonder Foundation a soumis au vote du public une liste de 21 sites et bâtiments prĂ©sents Ă  travers les 5 continents. C’est ainsi que ce joyau Indo-Islamique fut Ă©rigĂ© au rang de l’une des 7 merveilles du monde Moderne. VĂ©ritable symbole de richesse et d’ingĂ©niositĂ©, sa singularitĂ© repose sur la rencontre entre le style architectural ottoman, islamique, iranien et indien. Ce chef-d’œuvre se voit ainsi dotĂ© d’une puissance culturelle sans pareille, semblable Ă  nul autre.

 

Une ode Ă  l’amour Ă©ternel 

Le Taj Mahal se situe au sein de la ville d’Agra (dans l’État de l’Uttar Pradesh), au bord de la rivière Yumanâ, affluent du Gange. Ce dernier est considĂ©rĂ© dans la religion hindoue comme le purificateur des âmes. C’est ainsi qu’entre 1632 et 1648, le mausolĂ©e fut construit sous les ordres de l’empereur Moghol, Shah Jahan, Ă  la mĂ©moire de celle que l’on surnommait la “Merveille du Palais”, Mumtâz Mahal. Elle fut sa troisième femme mais perdit la vie en mettant au monde son 14ᵉ enfant. Lui vouant un amour inconditionnel, il dĂ©cida de lui construire une tombe oĂą elle pourrait reposer en paix Ă©ternellement.

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Une merveille d’architecture aux innombrables symboles

Par la construction de ce monument d’exception, l’empereur Shah Jahan aspirait à faire du Taj Mahal la plus proche représentation du paradis sur Terre. C’est pourquoi, afin d’en faire le chef-d’œuvre architectural actuel, il vit les choses en grands : il fit appel à 9 des meilleurs architectes de l’époque, venu des 4 coins du monde et à plus de 20 000 ouvriers qui travaillèrent sur ce projet de grande envergure. Des matériaux provenant de toutes les régions de l’Inde et du reste du continent asiatique furent utilisés. Plus d’une vingtaine de pierres ornementales et fines vinrent composer le monument et y furent incrustées.

VĂŞtu entièrement de marbre blanc, il est le symbole de la lumière et des Ă©difices de perles prĂ©sentes au Paradis dans le Coran. Quel que soit le moment au cours de la journĂ©e, le monument se rĂ©vèle comme une perle de lumière. De plus, la couleur blanche renvoie Ă  l’amour pur que portait l’empereur Ă  sa femme. Le complexe, d’une taille vertigineuse, est organisĂ© en trois grandes parties : La première est la cour intĂ©rieure, appelĂ©e Ă©galement Jilaukhana (« Porche de maison »). Elle est assimilable Ă  une antichambre faisant allusion au passage entre le monde terrestre (la vie sĂ©culière) reprĂ©sentĂ© par la ville et le Paradis sur terre (la vie spirituelle) Ă©voquĂ© par les jardins. Ces derniers, d’ailleurs, constituent la seconde grande partie du site.  Également appelĂ©s Chahar Bagh, ils reprĂ©sentent le Paradis, oĂą lĂ , y règne la perfection. Cette partie est divisĂ©e en 4 sous-parties, elles-mĂŞmes segmentĂ©es en 4 autres par le mĂŞme nombre de plans d’eau. Le chiffre 4 est omniprĂ©sent dans la conception architecturale du site : il fait allusion aux 4 rivières du Paradis Ă©voquĂ©es dans la religion islamique. Pour finir, la troisième grande partie est celle qui revĂŞt un aspect portĂ© sur le sacrĂ©, se composant du mausolĂ©e blanc, de la mosquĂ©e ainsi que du pavillon destinĂ© aux invitĂ©s, appelĂ© Jawab, rĂ©plique parfaite de la seconde.

À l’époque déjà, le Taj Mahal était d’une grande ambition, symbole d’une volonté de surpasser les merveilles du monde qui préexistaient avant sa construction. Son architecture, poussée à la perfection dans son exactitude et sa symétrie, contribua à le rendre célèbre au fil des siècles.

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Un atout au service du rayonnement culturel de l’Inde

L’acquisition du sceau de l’UNESCO a une vĂ©ritable portĂ©e au niveau touristique et culturelle (Barbier, 1995). Aujourd’hui, les pays du monde entier, dont l’Inde, cherchent Ă  prĂ©server les manifestations visibles de leur hĂ©ritage passĂ©. Ainsi, ce label constitue un moyen de lutter contre la disparition de leur Ă©difie au cours du temps. Lorsqu’un pays inscrit un monument sur cette liste, cela contribue Ă  satisfaire Ă  leur fiertĂ© nationale et devient un argument touristique de poids (Barbier 1995).  Aujourd’hui, la gestion du Taj Mahal est sous l’autoritĂ© de l’Archaeological Survey of India. NĂ©anmoins, au vu de son inscription au sein de la liste du patrimoine mondial de l’Unesco, l’Inde se doit de parvenir Ă  atteindre un certain nombre d’objectifs dĂ©finis par la commission. Ces derniers ont pour fin de protĂ©ger le monument qui fait dès lors partie intĂ©grante du patrimoine mondial de l’humanitĂ© et non plus d’un seul et unique pays (Barbier, 1995).

Tous les moyens sont mis en Ĺ“uvre afin de prĂ©server ce monument. Des centaines de milliers de dollars ont ainsi Ă©tĂ© dĂ©pensĂ©s par l’Inde afin de procĂ©der Ă  sa protection et Ă  sa prĂ©servation. Afin de rassembler les ressources nĂ©cessaires, le tourisme est systĂ©matiquement promu. Il va Ă©galement avoir pour consĂ©quence de dynamiser l’activitĂ© locale. C’est ainsi qu’en 2002, la première campagne touristique dite offensive « IncrĂ©dible India ! » fut dĂ©veloppĂ©e afin d’établir toute une stratĂ©gie de marque autour de l’Inde (Goreau-Ponceaud, 2019). Ces campagnes sont un moyen pour le gouvernement Indien de vĂ©hiculer les reprĂ©sentations et les perceptions de ce patrimoine qu’est le Taj Mahal par la crĂ©ation de rĂ©cits nationaux, approuvĂ©s par l’industrie du tourisme puis diffusĂ©s par les mĂ©dias nationaux (Goreau-Ponceaud, 2019).

Chaque annĂ©e, ce monument historique attire des millions de visiteurs, dont 90 % sont des touristes locaux. Rien qu’en 2019, c’est 10 millions de touristes qui sont venus admirer ce monument magistral. Le tourisme domestique est un vĂ©ritable moteur du secteur touristique en Inde. Le Taj Mahal fait partie du “Triangle d’Or”, composĂ© de la ville d’Agra, de Delhi et de Jaipur. Ce dernier est inclus dans la plupart des circuits touristiques proposĂ©s par les agences indiennes. Ici, sont valorisĂ©s le passĂ©, la culture mystique et ancienne et la religion (Goreau-Ponceaud, 2019). Pour de nombreux auteurs, le tourisme culturel apparaĂ®t comme une solution pour “sauver le mode” au sens propre comme au figurĂ©. De plus, il  offre Ă  la communautĂ© locale l’opportunitĂ© de contrĂ´ler son propre dĂ©veloppement ainsi que de s’en approprier les nombreuses retombĂ©es (Marcotte & Bourdeau, 2010). Par consĂ©quent,  la ville d’Agra voit aujourd’hui son Ă©conomie se dĂ©velopper grâce au tourisme mais aussi Ă  l’industrie, notamment le forgeage et la fonderie (Singh, Sharma, 2012).

Le Taj Mahal est devenu au fil du temps l’objet d’un marketing territorial, mettant en lumière son unicité architecturale ainsi que l’esthétisme des lieux. La reconnaissance de ce site au niveau national et international a ainsi favorisé l’accroissement de sa valeur au niveau économique mais également esthétique (Marcotte, Bourdeau, 2010).

Un monument sujet Ă  de nombreuses menaces…

Le Taj Mahal a réussi l’exploit d’accélérer le rayonnement territorial de l’Inde aux niveaux national et international, notamment grâce au tourisme qui a généré de nombreux bénéfices économiques pour le pays. Toutefois, comme le disent les auteurs Marcotte et Bourdeau (2010),  “ce qui est bon pour le tourisme, est rarement bon pour la conservation et ce qui est bon pour la conservation, l’est rarement pour le tourisme.” Ainsi, voilà les enjeux auxquelles sont confrontés le pays : malgré un apport non négligeable à la société indienne, le Taj Mahal subit les contre-coups des politiques d’urbanisation et touristiques du pays, accélérant son déclin. Par conséquent, ce chef-d’œuvre de l’art Indo-Islamique est en proie à de nombreuses menaces telles que la pollution de l’air ou encore le tourisme de masse. 

La pollution

De nos jours, le monde est en proie à une crise environnementale sans précédent, causée par une pollution de l’air qui est due au développement fulgurant du processus d’industrialisation et d’urbanisation, du secteur automobile et à une croissance démographique et économique (Singh, R., & Sharma, B. S, 2011). Les Indiens sont fortement concernés par ce phénomène et subissent une détérioration de la qualité de leur air, provenant des aérosols, de l’automobile ou encore de l’industrie. (Singh, R., & Sharma, B. S, 2011). Ce phénomène a d’importantes conséquences sur les hommes, les végétaux, mais également les monuments comme le Taj Mahal qui n’est pas épargné. Depuis plusieurs années déjà, les marques de cette pollution sont de plus en plus visibles : on assiste à un jaunissement du marbre blanc, nécessitant une intervention des conservateurs qui appliquent fréquemment des couches de boues, favorisant l’absorption des impuretés. 

Le tourisme de masse

Le tourisme de masse a essentiellement pour consĂ©quence de dĂ©tĂ©riorer les monuments Ă  fort taux de visites. Le Taj Mahal s’est ainsi vu envahir par des millions de visiteurs qui piĂ©tinent quotidiennement un sol inadaptĂ© Ă  supporter une telle charge (Bastenier, 2006). Ce tourisme a Ă©galement amenĂ© Ă  folkloriser les identitĂ©s ainsi qu’à commercialiser des traditions, qui sont pour la plupart factices, mais qui restent vendables Ă  ces « envahisseurs » capables de payer (Bastenier, 2006). MalgrĂ© ces aspects très peu reluisants du tourisme, l’Inde aurait du mal Ă  se passer d’une telle manne financière. Ce phĂ©nomène est une source de recettes vitales pour de nombreux pays du Sud, dont l’Inde. 

… Mais plus que jamais au cœur des préoccupations

Afin de prévenir le déclin du monument et d’en préserver son aspect originel, les autorités indiennes ont tenté de prendre des mesures.  Des normes anti-pollutions ont été ainsi imposées aux usines présentes au sein de la ville d’Agra. Toutefois, elles viennent se heurter aux problèmes économiques déjà existants. Le trafic routier se voit limiter à un périmètre de 500 m et une obligation est faite aux usines implantées dans un rayon de 20 kilomètres de passer au gaz naturel ou de fermer.

Une politique commerciale Ă  Ă©galement Ă©tĂ© menĂ©e afin de rĂ©duire le nombre de visites sur le site en pratiquant une tarification diffĂ©renciĂ©e  selon la provenance du visiteur et en limitant les heures de visite. Ces dĂ©cisions ont permis de limiter les dĂ©passements de seuil de saturation du site touristique d’envergure qu’est le Taj Mahal. En effet, le nombre de touristes quotidien a diminuĂ© de près de la moitiĂ© passant de 70 000 Ă  40 000 visiteurs. Il est aujourd’hui Ă©galement nĂ©cessaire de revĂŞtir des chaussons au cours de la visite du mausolĂ©e  afin de conserver au mieux le site. 

Ce joyau de l’art Indo-Islamique a su laisser son empreinte dans l’histoire et marquer les esprits par ses prouesses architecturales fascinantes, sa beautĂ©, son histoire mais Ă©galement sa richesse culturelle, le rendant unique. Il a su conserver toute sa splendeur originelle Ă  travers les siècles, ne subissant que peu les ravages du temps. NĂ©anmoins, il est aujourd’hui sujet Ă  de nombreuses menaces qui sont la consĂ©quence de politiques contemporaines. Au regard des enjeux liĂ©s Ă  la prĂ©servation de ce monument, l’Inde se doit de s’engager dans une logique de dĂ©veloppement durable Ă  l’image du RĂ©seau des Grands Sites de France (RGSF).  

1 La Grande Muraille de Chine, Pétra en Jordanie, La Statue du Christ rédempteur à Rio de Janeiro, Le Machu Picchu, Le site archéologique de Chichén Itzá au Mexique, Le Colisée de Rome et le Taj Mahal.

Bibliographie

  • Barbier, B. (1995). Patrimoine, Patrimoine Mondial (UNESCO) et tourisme.
  • Bastenier, A. (2006). Le tourisme, utopie contemporaine. La revue nouvelle, (1-2), 17-21.
  • Goreau-Ponceaud, A. (2019). ColonialitĂ© et tourisme: la fabrique des identitĂ©s et des altĂ©ritĂ©s en Inde. Via. Tourism Review, (16).
  • Marcotte, P. & Bourdeau, L. (2010). La promotion des sites du Patrimoine mondial de l’UNESCO : compatible avec le dĂ©veloppement durable ?. Management & Avenir, 34(4), 270-288. doi:10.3917/mav.034.0270.
  • Singh, R. et Sharma, BS (2012). Composition, variation saisonnière et sources de PM 10 du site du patrimoine mondial Taj Mahal, Agra. Surveillance et Ă©valuation de l’environnement , 184 (10), 5945-5956.