Pétra : la mystérieuse cité perdue aux mille et un secrets

InTerreCo pose un regard neuf sur les hauts lieux touristiques du monde. Les membres du collectif ambitionnent de questionner leurs impacts sur les territoires qui les hébergent, en termes d’attractivité et d’identité culturelle, voire de retombées socio-économiques et environnementales. Eu égard à cette ambition, quoi de mieux que d’étudier les 7 Merveilles du Monde Moderne sur une série de 7 articles ?! Pour ce mois d’avril, InTerreCo vous fait voyager vers une nouvelle destination : la Jordanie, à la rencontre de Pétra, une cité antique mystérieuse à l’héritage culturel sans pareil.  

Pétra, une cité mythique fascinante, à l’héritage culturel unique 

Pétra a connu l’influence de plusieurs peuples et civilisations, entre autres : nabatéenne, romaine, byzantine et celle des croisées. Cette diversité culturelle des peuples de Pétra est à l’origine de sa richesse culturelle et de son héritage unique au monde.

L’influence Nabatéenne 

Cité Troglodyte construite au sein même de la roche et située dans l’actuelle Jordanie, Pétra porte en elle une histoire singulière. Tout comme le Machu Picchu, elle a été oubliée durant des siècles. Elle est redécouverte le 22 août 1812 par le jeune explorateur suisse Johann Ludwig Burckhardt. Son emplacement géographique stratégique fait d’elle une plaque tournante du commerce de la route de l’encens. En effet, le commerce a été une des clés de grandeur de la cité vermeille. La route commerciale reliait l’Inde à l’Égypte, en passant par le Yémen, lieu où l’encens voyageait jusqu’à Pétra, puis vers Gaza et Damas.

La construction de Pétra fut amorcée au cours du 8ᵉ siècle avant J-C, mais c’est à partir du 6ᵉ siècle avant J-C que cette cité connaîtra un véritable essor avec l’arrivée du peuple nabatéen. Ce peuple de marchands nomades d’Arabie vit en Pétra un site naturel au potentiel inestimable. Ainsi, ils en firent une des capitales majeure du commerce de produits rares : « les cavaliers y transportèrent des épices provenant de l’Inde, de l’encens provenant d’Arabie, de la soie provenant de la Chine, ou encore de la myrrhe. Leur prouesse logistique résidait dans le fait que ces produits transitaient par des déserts ardents et des montagnes aux hauteurs vertigineuses ». 

Grâce à leur statut d’intermédiaires commerciaux et à leur connaissance de cette route qui se veut hasardeuse, les nabatéens ont pu acquérir de nombreuses richesses et faire prospérer leur cité. Ils furent l’une des tribus arabes les plus riches, ayant un contrôle absolu d’un vaste territoire regroupant la Jordanie, le nord-ouest de l’actuel Arabie Saoudite et le sud de la Syrie. La richesse de la population se voit ainsi ostensiblement affichée sous la forme d’immenses façades creusées à même la roche de grès, pouvant atteindre les 50 mètres de hauteur et 40 mètres de largeur. Ce peuple y construisit, au cours du 1er siècle avant J-C, de nombreux monuments tels que le tombeau d’Al-Khazneh qui signifie “trésor” en langue Arabe.

L’influence Romaine

Au cours du 1er siècle avant JC, les romains vont fortement s’intéresser au Proche-Orient. Ils vont ainsi coloniser la région et créer la province romaine de Syrie en 64 avant J-C. Gouverneur de cette toute nouvelle province, Pompé va lancer une offensive à l’encontre du peuple nabatéen et de Pétra. Elle se soldera par un échec due à une forte résistance des nabatéens qui conservent ainsi l’indépendance de leur royaume.

Au fil des années, la puissance militaire romaine se voit renforcer dans la région. Toutefois, ne pouvant toujours faire face militairement aux nabatéens, les romains décidèrent de fragiliser leur économie en déplaçant les nombreuses routes caravanières. Au cours de l’an 106, l’Empire Romain décida à nouveau d’envahir et d’annexer le royaume nabatéen sous le règne de l’empereur Trajan. Cette conquête marque la fin de la domination nabatéenne sur cette province, alors renommée Arabia Petraea et ayant pour capitale Pétra.

A la suite de son incorporation à l’Empire Romain, Pétra connaît un nouvel élan dans de nombreux domaines tels que le commerce avec la création de la nouvelle « Via Nova Traiana » entre Bosra et Aqaba. Sur le plan architectural, la cité prospère grâce aux codes architecturaux classiques des villes romaines et à la construction de plusieurs bâtiments : un Cardo à colonnade, un théâtre, un forum ou encore des termes. Néanmoins, l’ouverture des voies maritimes à l’époque romaine a eu des incidences sur le flux commercial de la cité. Elle a conduit à la déviance des flux commerciaux de Pétra vers la mer et a entraîné une crise économique qui fut fatale à la cité. 

L’influence Byzantine

Sous la domination Byzantine, Pétra regagne son statut de capitale de province (Palestine Salutaris) et retrouve sa gloire perdue. Elle est également sujette à de grands aménagements tels que la transformation du tombeau à l’Urne en Église en l’an 446 après J-C. La vie économique et sociale est également bouleversée avec une économie tournée vers l’exploitation agricole du territoire et non plus vers l’élevage et le commerce caravanier. Sur le plan culturel, on assiste à une arabisation de la culture avec l’arabe qui devient au fil du temps une langue vernaculaire.  

Rappelons qu’au cours de la conquête islamique, Pétra perd de son importance et devient un simple village. En 363, un fort séisme secoua la cité vermeille et la détruisit en grande partie. Pétra étant en fort déclin, cette catastrophe naturelle conduisit au départ de nombreux habitants.

L’influence des Croisés

Au Moyen Âge, Pétra intéressait grandement les Croisés au vu de sa position géographique stratégique. En effet, suite à la prise de Jérusalem en 1099, les Croisés décident d’ériger une ligne de bastions du nord jusqu’au sud, à l’Est du royaume latin de Jérusalem. Ce qui a renforcé leur intérêt pour la cité.

Conquise par Saladin en 1189 après J-C, Pétra est laissée à l’abandon à la fin des croisades. Dès lors, la ville se voit désertée et seuls quelques bergers y résident encore. Ainsi, comme bon nombre de civilisations et de lieux, la cité tomba dans l’oubli durant de nombreux siècles.

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Une merveille d’architecture et d’ingéniosité 

C’est au cours de l’année 1812 qu’un jeune explorateur suisse, Jean Louis Burckhardt, redécouvre au hasard cette cité disparue depuis des siècles. Initialement partie pour découvrir la source du Niger, cet explorateur et orientaliste s’installe au Moyen-Orient afin de parfaire sa connaissance de la langue ainsi que de la culture arabe. Au cours de son voyage, il se fait passer pour un marchand indien musulman, sous le nom d’Ibrahim ibn Abdullah. Son épopée le conduit à la découverte d’une façade sculptée à même la pierre, au cœur d’une cité en ruine. La nouvelle va rapidement se répandre, dans un premier temps en Europe, puis dans le monde entier. Cette découverte marque une nouvelle ère de prospérité pour Pétra jusqu’à son statut actuel de merveille du monde. 

La cité antique de Pétra compte près de 680 monuments à caractère culturel. Ces monuments participent au modelage de l’espace urbain. Ces vestiges peuvent être de nature religieuses (sanctuaires), mais également funéraires (tombeaux) ou encore domestiques comme des chambres (Nehmé, 1997).

L’un des principaux monuments de cette cité antique est le Sîq, un canyon sinueux et étroit d’1,2 Km, qui forme à lui seul l’entrée de la cité antique de Pétra. Autrefois pavé, il est possible d’y observer un système de canalisation ingénieux qui fut élaboré au temps du peuple nabatéen afin d’y recueillir les ruissellements de l’eau de pluie et de les rediriger vers les citernes. Aussi, un groupe de pierre y est visible, les djinns, qui abritaient les esprits gardiens de la cité ainsi que la tombe des obélisques. Au nombre de 4, ils sont sculptés dans la roche rocailleuse afin d’y honorer 4 divinités. À dos de chameau, à cheval ou encore à pied, cette gorge bordée de majestueuses falaises livre de magnifiques paysages où différentes nuances d’ocre, de rouge et de rose dansent selon la lumière du jour. Autrefois, ce passage était considéré comme l’une des principales voies sacrées de la région. Le wadi Moussa s’y écoulait jusqu’à sa déviation après la crue meurtrière de 1963. 

Le Khazneh (Trésor) apparaît au sortir du Siq. Il est le monument le plus célèbre des tombeaux de la cité de Pétra et est taillé à même la roche et ornementé dans le style hellénistique. Ce temple abrite la sépulture du roi, probablement celle du roi Arétas IV, mort en 40. Dans la culture bédouine, “Khazneh” signifie “Trésor du Pharaon”. La légende raconte que l’urne aurait caché un grand trésor d’une valeur inestimable. Les impacts de balles visibles témoignent des tentatives de pillages qui ont eu lieu à son encontre. Néanmoins, le monument contribue à alimenter le mystère autour de la cité car la date et les raisons de sa construction restent encore aujourd’hui sans réponses. 

Le monument « Le mur des rois », est un ensemble de tombes royales sculptées au cœur même de la roche et dotées de motifs d’une grande finesse. Ces cinq tombeaux furent érigés à la mémoire de dignitaires nabatéens. On retrouve entre autres : le « Tombeau de l’urne”, le “Tombeau Corinthien”, le “Tombeau de Sextus Florentinus”, la “Tombe de Soie” et la “Tombe Palais”. 

Le théâtre Nabatéen fut érigé au 1er siècle après J-C et fut par la suite agrandi par les Romains. Entre 3000 et 8500 personnes pouvaient s’y rendre afin d’assister à des combats de gladiateurs, de fauves ou encore à des pantomimes, accompagnés de chants et de danses. Ces vestiges furent exhumés en 1960.

Le Cardos Maximus, ou la rue en colonnade offre la possibilité d’admirer de nombreux vestiges tels que ceux du nymphée (fontaine publique), du Palais-royal, de la tour byzantine, la Porte de Temenos ou encore le temple du Qasr al Bint.

Le Qasr Al Bint, “le château de la fille du Pharaon”, est le vestige le mieux conservé de la cité antique de Pétra. Ce sanctuaire, qui domine le cœur de la ville, est l’œuvre des Nabatéens qui fut utilisée à des fins sacrificielles. Par la suite, il a subi des évolutions, notamment lors de la conquête romaine (Augé, 2005).

Au sein des hauteurs de la cité de Pétra, se trouve l’El Deir (Monastère), l’un des plus grands monuments de la cité qui mesure 45 mètres de long et 42 mètres de hauteur. Ce temple fut érigé au cours du IIᵉ siècle après J-C et était à l’origine un lieu de culte ou de pèlerinage. Il fut par la suite transformé en monastère lorsqu’au IV siècle après J-C le christianisme se diffuse dans l’ensemble de l’empire. 

Le haut lieu du sacrifice se situe au sommet de la montagne Atouf Ridge. Ce lieu de culte était, sous l’époque des Nabatéens, destiné aux rituels religieux et sacrificiels donnés en l’honneur des dieux. Il est possible d’y observer deux autels : l’un destiné aux sacrifices animaliers et l’autre aux offrandes. 

Une cité archéologique d’une grande ingéniosité 

Situé au cœur des montagnes, au sein d’un environnement hostile, Pétra offre un bénéfice considérable pour l’époque. En effet, sa localisation au sein même d’une cuvette en fait un amphithéâtre naturel qui va ainsi protéger les habitants de potentiels ennemis désireux d’attaquer la cité.

Cette disposition naturelle permet également de récupérer une majeure partie de l’eau de pluie. Bien que les précipitations soient peu nombreuses, elles sont fortement condensées au cours d’une période allant de novembre à avril, qui peuvent parfois être d’une grande violence. Le peu de perméabilité de la roche ainsi que le ruissellement sont des facteurs majeurs qui, grâce à un système ingénieux, permettent la captation et le stockage de l’eau. Par l’élaboration d’un système de canalisation qui va être creusé au cœur de la roche, les dispositifs vont permettre de récupérer l’eau et d’alimenter de nombreuses citernes et bassins présents au sein de la cité de Pétra. 

Les wadis, présents aux alentours de Pétra, vont permettre de couvrir en grande partie les besoins de la cité en eau. De nouveau grâce à la création de systèmes ingénieux, ils permettent l’acheminement de l’eau ainsi que son stockage. Ces systèmes ont permis également au peuple nabatéen de cultiver des céréales, des fruits ou encore du coton au cœur même du désert. 

La maîtrise de ces ressources permet aux Nabatéens de construire de nombreux bassins et fontaines en plein cœur du désert. Des bains, inspirés des thermes romaines, sont également construits au cours du 1er siècle après J-C. Avant l’influence des romains, Pétra a pu grandement bénéficier du savoir-faire des ouvriers, des artisans ainsi que des riches habitants d’Alexandrie qui avaient fui les troupes romaines. Cette influence est perceptible à travers l’architecture de nombreux bâtiments.

Le tourisme en Jordanie : un secteur florissant en proie à de nombreux maux

Grâce à de nombreux acteurs tels que des historiens, des archéologues et des membres de la population locale, Pétra est aujourd’hui ouverte aux visiteurs. La création du « Petra Tourism Development Project » en 1978, a donné un nouvel élan aux travaux archéologiques. L’engouement pour cette cité est tel qu’elle est classée au Patrimoine mondiale de l’UNESCO en 1985 et est nommée comme l’une des 7 Merveilles du Monde Moderne en 2007. Ce lieu fut grandement popularisé en 1989 par les films Indiana Jones et la Dernière Croisade. 

Un secteur fortement dépendant du contexte géopolitique

Selon Alrwajfah et al. (2020), le développement touristique à une véritable influence sur l’économie du pays d’accueil. Cela va contribuer à la création de nouveaux emplois, de restaurants et des services d’hébergement, à l’émergence de nouvelles opportunités d’investissements ou encore à l’amélioration de la qualité de vie des habitants. Toutefois, ces effets positifs dépendent de la capacité des différents acteurs à co-créer de la valeur (Agbokanzo, 2019).

Les chercheurs soulignent aussi que ce développement économique est lié à la fréquentation touristique, même s’ils mettent en garde contre les effets pervers d’une trop forte fréquentation. Ce sont près de 5 millions de visiteurs par an qui se rendent sur le site de Pétra afin de découvrir ce patrimoine culturel d’exception. Depuis 2009, les six communautés qui entourent la cité de Pétra sont gérées par l’Autorité régionale de développement et de tourisme de Pétra (PDTRA). Près de 200 guides et 1 500 propriétaires de chevaux et de chameaux s’évertuent chaque jour à conduire les touristes au sein de cette merveilleuse cité de la Jordanie. 

Par ailleurs, le tourisme représente une ressource importante pour le royaume de Jordanie avec un poids dans le PIB fluctuant entre 10 et 14%. Ce secteur emploie environ 100 000 personnes. Précisons toutefois que ces chiffres fluctuent grandement selon le contexte géopolitique du Moyen-Orient. En effet, bien que le pays connaisse la paix depuis plusieurs années, des conflits dans les pays voisins viennent perturber la stabilité régionale (exemple : Israël, Palestine, Syrie, etc.). Pour conséquences, les touristes font ainsi un certain amalgame et ont tendance, dès lors, à boycotter le pays. 

Un secteur souvent décrié par la population locale

En Jordanie, le manque d’eau est une problématique omniprésente. Les terres cultivables représentent moins de la moitié du territoire. Aussi, l’inflation économique est extrêmement forte et le taux de chômage avoisine les 20%. Ainsi, certains investissements dans le secteur touristique et notamment son aménagement au sein du territoire, sont souvent associés à l’imprudence étatique. 

Selon Alrwajfah et al. (2020), après dix années d’autonomie, les résidents persistent à avoir une vision plutôt négative des avantages procurées par le tourisme. L’explication se trouve dans la répartition inégale des avantages économiques entre tous les résidents ainsi que le manque d’une planification touristique efficace. Selon Prigent (2012), la présence d’un patrimoine mondial peut engendrer une déformation de la structure économique locale. Le succès touristique de ces lieux peut avoir pour conséquence d’entraîner un phénomène inflationniste. L’activité locale est fortement associée à la présence du site patrimonial ainsi que ses effets économiques. Cela va contribuer parfois à déstabiliser la population confrontée à des codes de valeurs qui leurs sont étrangers ou encore à de nouvelles inégalités sociales et spatiales.  

Il existe également une pression exercée sur les ressources naturelles et une production trop importante des déchets. Le système de collecte, de tri ainsi que de recyclage des déchets est fortement critiqué car quasi inexistant. Au-delà de Pétra, nombreux sont les lieux touristiques qui sont sujet à la pollution par des amas de plastique qui jonchent le sol.

Ainsi, cette cité caravanière souffre de nombreux maux tels que la présence de très nombreux visiteurs ou encore de multiples dégradations dues à l’érosion et à l’action de l’eau. Dans l’optique de lutter contre ce fléau, les responsables du département des Antiquités ont fait appel à l’UNESCO afin de les aider au lancement de divers projets qui ont pour but de concevoir un projet d’étude multidisciplinaire en faveur de la cité, ainsi que la réalisation d’un laboratoire spécialisé. Dès 1993, un projet “Parc naturel et archéologie de Pétra” a été lancé afin de valoriser, de sauver et de gérer dans une logique durable et solidaire, pour le présent et le futur un des sites les plus grandioses de l’Antiquité (Bouchenaki, 1996).  

De nos jours, la cité antique de Pétra reste encore un mystère qui n’a pas livré tous ses secrets. Ce lieu demeure une source de fascination pour de nombreux d’archéologues et fait aujourd’hui encore l’objet de fouilles archéologiques approfondies. Depuis sa redécouverte au XIXème siècle, Pétra est devenue en quelques siècles un site touristique majeur du royaume de Jordanie. Néanmoins, le gouvernement doit faire face à diverses problématiques concernant l’environnement et la dégradation du site. Aussi, les problèmes d’alimentation en eau engendrés par le tourisme de masse, se révèlent également être problématique. Pour autant, l’inscription de la cité antique au Patrimoine mondiale de l’Unesco a permis à la ville de bénéficier de nombreuses subventions et d’actions de l’institution afin de préserver ce site historique. De plus, le pays a souffert du printemps arabe de 2011 et souffre aujourd’hui encore des conflits des pays voisins provoquant une diminution du tourisme dans la région du Proche-Orient, y compris en Jordanie où des révoltes internes sont inexistantes. 

BIBLIOGRAPHIE

Agbokanzo K. S. (2019) Dynamiques de contruction de l’image d’une destination touristique et leurs influences sur la participation à la création de valeur : une application à la destination Blois Chambord – Val de Loire Thèse de Doctorat en Sciences de Gestion de l’Université de Tours.

Alrwajfah M. M., Almeida-García F. et Cortés-Macías R. (2020) Females’ perspectives on tourism’s impact and their employment in the sector : The case of Petra, Jordan Tourism Management (78) DOI : 10.1016/j.tourman.2019.104069.

Augé C. (2005) Nouvelles recherches autour du Qasr Al Bint à Pétra (Jordanie) Revue Archéologique (1) : 186-192. Retrieved February 6, 2021.

Bouchenaki M. (1996a) Action de l’UNESCO en faveur de la préservation du patrimoine culturel de l’Antiquité Bulletin de la Société Nationale des Antiquaires de France 1994(1) : 76‑86. 

Nehmé L. (1997) L’espace cultuel de Pétra à l’époque nabatéenne Topoi. Orient-Occident 7(2) : 1023-1067. 

Prigent L. (2012) Le patrimoine mondial est-il un mirage économique ? Tourisme et patrimoine mondial 30(2) : 6‑16.

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Le Machu Picchu : le prodige architectural de l’empire Inca

InTerreCo pose un regard neuf sur les hauts lieux touristiques du monde. Les membres du collectif ambitionnent de questionner leurs impacts sur les territoires qui les hébergent, en termes d’attractivité et d’identité culturelle, voire de retombées socio-économiques et environnementales. Eu égard à cette ambition, quoi de mieux que d’étudier les 7 Merveilles du Monde Moderne sur une série de 7 articles ?! En ce mois de décembre, la troisième Merveille du Monde mise à l’honneur est le Machu Picchu. Ainsi, après l’Inde et la Chine, c’est au Pérou, sur le continent américain, que nous partons découvrir l’un des 7 sites d’exception du monde contemporain.

Le Machu Picchu : le plus grand héritage oublié de la civilisation Inca

Héritage oublié de la civilisation Inca, ce site d’envergure internationale est considéré comme un « joyau perdu » qui est réapparu dans le patrimoine mondial au 20ème siècle…

Une cité perdue retrouvée

Révélé aux yeux du monde en 1911, par l’archéologue américain Hiram BINGHAM, ce chef-d’oeuvre architectural a intégré la liste du Patrimoine Mondial de l’UNESCO en 1983. Dans la langue Quechua, « Macchu » signifie vieille et « Picchu » symbolise le sommet de la montagne. Ainsi, le Machu Picchu constitue l’héritage le plus remarquable de la civilisation inca. Il apparaît comme une œuvre artistique et architecturale singulière, unique en son genre et d’une ingéniosité sans pareille en matière d’aménagement du territoire à l’échelle mondiale. L’enchâssement du site archéologique à son environnement naturel est la preuve d’une possible coexistence harmonieuse et d’une grande beauté entre l’homme et la nature (Luciano P., 2011).

Un monument géographiquement singulier

Reconnue aux yeux de tous pour être dotée de valeurs culturelles et naturelles d’une grande rareté, cette ancienne forteresse culmine à près de 2 430 mètres d’altitude et s’étend sur plus de 32 000 hectares de pentes montagneuses, de vallées ainsi que de pics, encerclant “La Ciudadela”, monument prodigieux, composant le cœur du site archéologique.

Ce chef-d’œuvre d’architecture s’harmonise de manière singulière avec son environnement naturel auquel il est profondément lié, avec cette particularité qui étonne les visiteurs : le plus spectaculaire est invisible car 50 à 60% de l’ingéniosité architecturale de cette merveille est souterraine.

Un édifice à l’image de la puissance de l’empire Inca

À la fois centre religieux, cérémoniel mais également astronomique et agricole, il fut construit sous la civilisation Inca, au cours du XVᵉ siècle. Ce fut l’empereur Inca Pachacutec, un des plus éminents dirigeants du Tahuantinsuyo, qui découvrit ce lieu suite à une campagne militaire. La beauté du lieu et sa singularité topographique, le rendant stratégiquement facile à défendre, séduisirent l’empereur. La ville-citadelle fut érigée entre 1483 et 1471. Ainsi, de nombreux archéologues crurent que la vocation première du site fut défensive et militaire. 

A cette époque, l’empire Inca connaissait une véritable période de prospérité. Certains archéologues affirment que le site du Machu Picchu fut construit en l’honneur de la victoire des Incas sur le peuple Chancas. Ses lignes imposantes devaient le distinguer des édifices des cités avoisinantes. Son prestige attira les Incas qui vinrent s’y installer en nombre.

Une résidence de la royauté impériale

Le Machu Picchu fut aussi utilisé comme une résidence royale, lieu de repos pour l’empereur et sa famille “panaka”. Dans la culture Inca, chaque nouvel empereur se devait de construire ses propres demeures. Il était impensable pour eux de s’installer dans des demeures édifiées par l’un de leurs prédécesseurs au risque de cotoyer leurs esprits qui continueraient à y circuler. C’était également un moyen de fuir la pression politique de la capitale.

Un symbole de puissance économique 

Ce site archéologique peut, selon de nombreux archéologues, se diviser en 2 grandes parties : La première zone destinée à l’agriculture. Centre économique d’une grande importance pour le peuple Inca, les paysans entretenaient des champs artificiels afin de nourrir l’intégralité de la population. Néanmoins, le climat régional n’était aucunement propice à la culture. Afin de retenir l’eau, le peuple inca a élaboré un système hydrique d’une grande ingéniosité pour l’époque (Wright K. R., Kelly J. M. et Zegarra A. V., 1997). Aux terrasses, s’apparentant à des escaliers, furent intégrées des galeries de filtrages. Ainsi, la couche de fond était constituée de roche, celle intermédiaire de sables et la couche supérieure de terre arable. Sans ce procédé ingénieux, les inondations auraient emporté l’intégralité des cultures.

Selon l’altitude et le climat, les champs recevaient la cola, la pomme de terre, les haricots, du maïs ou encore le coton. Tout près du site, se trouvait la capitale de l’empire Inca, Cuzco, permettant l’acheminement permanent de produits, sans aucune nécessité de stockage. Le Machu Picchu constituait à lui seul l’entrepôt agricole de la région.

Un centre urbain dynamique

Poumon économique, le Machu Picchu était aussi un centre urbain et religieux d’une grande importance, qui constituaient la seconde zone du sanctuaire. Composé de plus de 200 constructions et édifié sur une crête escarpée, cette zone était divisée en deux parties distinctes : la haute ville (Hanan) et la basse ville (hurin).

Les édifices furent bâtis selon une technique de maçonnerie remarquable pour l’époque. Ils étaient le résultat d’un travail de précision de grande envergure, montés entièrement à la main. Pour preuve, la présence de magnifiques temples, à l’architecture travaillée en pierres polies : le Temple du Soleil, le Temple de la lune ou encore le Temple du Condor. Ces monuments sont capables de résister aux séismes, fréquents dans la région. De par la proximité des roches, elles retrouvent de manière naturelle leur place initiale après une éventuelle secousse.

Un édifice d’une ingéniosité sans précédents

L’ingéniosité dont a fait preuve le peuple inca à travers l’utilisation d’une technologie éprouvée ainsi que l’attention portée au processus de construction des structures du sanctuaire, ont permis à ce dernier de traverser les siècles (Cuadra C., Sato Y., Tokeshi J., Kanno H., Ogawa J., Karkee M. B. et Rojas, J., 2005). Si lors de sa construction, les fondations n’avaient pas été le fruit d’une réflexion profonde, les glissements de terrain ainsi que les tremblements auraient emporté le sanctuaire depuis longtemps (Petroski H., 2009).

Une ville sacralisée

Des études plus approfondies ont affirmé que la cité était également un lieu de culte avec des espaces dédiés. Certains archéologues et anthropologues ont affirmé que ce sanctuaire est lié au Divin. Le choix du lieu, au sommet d’une montagne, symboliserait la volonté des Incas d’affirmer leur suprématie en se de se rapprochant du Soleil. Le lieu est ceint par la rivière sacrée Urubamba et circonscrit par les sommets de la Cordillère des Andes. Dans la culture inca, le soleil est une divinité, les montagnes sont source de vénération et l’eau est sacralisée. Nombreuses sont les constructions présentes au sein de la ville qui s’alignent sur le soleil selon la période de l’année.

L’Intihuatana, l’autel dédié au Soleil, l’un des monuments les plus connus du Machu Picchu, signifie “le lieu où s’attache le soleil”. Il est présent au sommet du site archéologique et est le parfait exemple de cette relation à la divinité. Il a été longtemps affirmé que le site abritait les “Nustas” qui étaient des vierges mariées au soleil et qui consacraient l’intégralité de leur existence au culte d’Inti, le Soleil. 

Les montagnes situées aux alentours, bien plus hautes, vont avoir cette capacité de contrôler la météo et par conséquent, la fertilité de la terre et des animaux. Ces dernières revêtent le rôle de protectrices et de divinités de la guerre pour les peuples vivants auprès d’elles et les vénérant. D’autres édifices sont dirigés vers ces dernières, où l’âme de ceux qui sont partis est censée reposer.

Une cité perdue à la fin de la civilisation Inca

En 1531, l’empire Inca s’effondre. Les conquistadors espagnols, dotés d’armes à feu et de chevaux terrifient les populations locales. Lors de leur arrivée, une guerre civile a éclaté suite à la haine des peuples locaux à l’encontre des Incas. L’empire se retrouve dès lors en proie à une guerre de succession. Il ne faudra que peu d’efforts aux conquistadors, désireux d’acquérir les vastes richesses présentes au sein de la cité, pour le conquérir. Résistants pendant de nombreuses années, les habitants fuirent progressivement la cité pour retourner vivre dans leur village d’origine. En 1532, le dernier empereur Inca, Atahualpa, fut assassiné par l’Espagnol Pizzaron, mettant ainsi un terme à la civilisation Inca.

Le Machu Picchu : un monument national…

… Au service du tourisme

Le tourisme a généré une économie locale florissante. Il n’était pas rare d’y voir de nombreuses entreprises familiales telles que des restaurants, des auberges ou encore des artisans ou des commerçants vendant de la céramique, du textile ou encore des souvenirs en réponse à la consommation touristique (Luciano, P; 2011). Chaque année, ce sont près de 1 500 000 visiteurs qui viennent découvrir la cité perdue, faisant de ce site archéologique, la première attraction touristique du pays. En 1965, l’État péruvien a conçu le “Plan Turístico y Cultural de la Comisión Especial (plan COPESCO), en coopération avec l’UNESCO afin de restaurer les ruines archéologiques.

Aujourd’hui, la région de Cuzco n’est plus uniquement reconnue comme symbole par l’UNESCO pour la singularité de ses caractéristiques culturelles et naturelles ainsi que de ses sites reconnus au rang de patrimoine mondial. Cette région est devenue un centre touristique accueillant des milliers, voire des millions de visiteurs, provenant majoritairement des régions d’Europe et du Nord de l’Amérique.

De nombreux autochtones quechuas sont encore aujourd’hui présents dans les zones rurales et vivent dans les hautes altitudes des Andes. Les touristes apprécient grandement leur présence et les associent, bien souvent, à la représentation la plus pure du peuple Inca. C’est ainsi que naquit une stratégie de marketing ethnique, mise en place par de nombreuses agences de voyages “Ils sont des descendants directs du peuple Inca, alors n’oubliez pas que ce sont leurs ancêtres qui ont bâti les nombreuses merveilles qui sont à l’origine de votre appétence pour le Pérou”   (Arellano A., 2011).

Néanmoins, le tourisme de masse a un impact négatif sur le site qu’il détériore et fragilise.

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et en proie à la menace environnementale

En matière environnementale, de nombreuses inquiétudes ont émergé face aux pillages, à la collecte de bois et de plantes à destination de la vente ou encore à cause de la mauvaise gestion des déchets ou au braconnage, amenant à la destruction silencieuse d’un écosystème tout entier. La pollution de l’eau, causée par les déchets de l’urbanisation et par les produits agrochimiques qui sont déversés dans l’Urubamba, contribue à alimenter progressivement la disparition de l’environnement.

Les solutions apportées par l’État Péruvien

Au cours de l’année 1981, le gouvernement péruvien, par l’intermédiaire de l’Institut National des Ressources Naturelles (INRENA) a déclaré de manière officielle que le sanctuaire du Machu Picchu était un site naturel et archéologique protégé (Arellano A., 2011).

Le sanctuaire est aujourd’hui placé sous l’autorité de l’État péruvien et intégré au réseau national des aires protégé du pays. Une juridiction a été établie afin de le protéger. En 1999, l’Unité de gestion du Sanctuaire historique de Machu Picchu (UGM) a été conçue afin de mettre en application des stratégies de gestion du site.

L’État péruvien a également instauré de nombreuses mesures afin de préserver cet héritage du passé. Ainsi, le gouvernement a cherché à réguler le flux de touristes : chaque jour, le nombre de visiteurs est limité à 2 500 personnes. Néanmoins, ce chiffre n’est pas immuable et il se peut que, dans un avenir proche, il soit revu à la baisse. Les autorités ont aussi instauré un système de tranches (matin, midi, après-midi), qui couvre chacune, trois heures, évitant ainsi une trop grande masse de tourisme.

Un mystère qui n’a pas encore livré tous ses secrets […]

Après la conquête espagnole, le Machu Picchu fut oublié pendant de nombreux siècles. Sa découverte, en 1911, l’a remis sur le devant de la scène international, faisant de ce monument une des merveilles architecturales et d’ingéniosité unique au monde. Malgré de nombreuses recherches, le Machu Picchu reste un mystère qui n’a pas encore livré tous ses secrets.

Bibliographie

Arellano, A. (2011). Tourism in poor regions and social inclusion : the porters of the Inca Trail to Machu Picchu. World Leisure Journal, 53(2), 104‑118. 

Cuadra, C., Sato, Y., Tokeshi, J., Kanno, H., Ogawa, J., Karkee, M. B., & Rojas, J. (2005). Evaluation of the dynamic characteristics of typical Inca heritage structures in Machupicchu. WIT Transactions on The Built Environment, 83.

Luciano, P. (2011). Where are the Edges of a Protected Area? Political Dispossession in Machu Picchu, Peru. Conservation and Society, 9(1), 35-41. 

Petroski, H. (2009). Engineering: Machu Picchu. American Scientist, 97(1), 15-19. Retrieved. 

Wright, K. R., Kelly, J. M., & Zegarra, A. V. (1997). Machu Picchu : Ancient Hydraulic Engineering. Journal of Hydraulic Engineering, 123(10), 838‑843. 

InTerreCo, destination touristique : notion clé dans le tourisme.

La destination touristique : une notion clé dans l’industrie du tourisme

Traditionnellement, l’activité touristique fait référence à une personne ou à un groupe de personnes qui séjourne pendant une période donnée dans un lieu autre que le milieu de vie habituel. Aujourd’hui, cette approche peut être questionnée au vu des mutations qui s’opèrent dans l’industrie du tourisme pour donner suite à la crise du Covid19. Le lieu prend un sens encore plus complexe dans les logiques touristiques et devient un élément clé pour les différents acteurs gestionnaires confrontés aux nouveaux enjeux de l’industrie du tourisme. De ce point de vue, nous considérons qu’il peut être mieux compris par le prisme de la notion de destination touristique.

La notion de destination touristique

La « destination » devient un élément central dans les politiques touristiques des territoires. On peut ainsi identifier plusieurs destinations à l’échelle des territoires français, entre autres : la destination Angers,  la destination Dordogne-Périgord, ou encore la destination Côte d’Azur France.

On entend par destination un territoire, qui est commercialisé comme une entité touristique auprès de marchés multiples (domestiques et internationaux). Le périmètre d’une destination peut correspondre à des frontières administratives (nation, région) si elles traduisent des orientations culturelles fortes, mais elle peut également représenter des caractéristiques géographiques spécifiques (les Alpes, les Pyrénées, la Côte d’Azur) ou des particularités géographiques locales (le cirque de Gavarnie, le Grand Canyon, etc.). La notion de destination peut également dépasser le cadre du territoire national. Dans ce cas de figure, elle implique différents pays dans un circuit de visite (la commercialisation du bassin méditerranéen auprès des clientèles de croisière).

Frochot et Legohérel (2012).

Vidéo 1 – La Vallée de la Dordogne (Dordogne Périgord Tourisme).

L’enjeu pour les professionnels du tourisme dans les années à venir n’est plus seulement lié à leur capacité à attirer des publics visiteurs et/ou touristes dans un lieu autre que celui de résidence, mais il implique aussi une réelle vision de destination touristique au sens large qui permet de donner une représentation nouvelle aux lieux touristiques et aux territoires qui les abritent. Il s’agit essentiellement de penser ces lieux comme un espace de vie au sein duquel les intérêts de différents acteurs (gestionnaires comme visiteurs) convergent et/ou divergent par rapport aux attentes et aux motivations de chacun. Comme le souligne si bien Escadafal (2015) :

Le territoire est vu comme un espace social et un espace vécu (Di Méo, 1998). C’est un système complexe avec plusieurs réseaux d’acteurs et plusieurs identités. Sa création est de nature intentionnelle de par le caractère volontaire qui est attribué à un et/ou plusieurs acteurs, responsables de son émergence.

Escadafal (2015) précise par ailleurs qu’au-delà de la dimension politique qui se dégage de sa création, il est important de considérer les éléments patrimoniaux qui émergent dans la construction d’une identité collective au sens de l’inscription du projet de création dans l’histoire. Ce qui l’amène à conclure que même si le territoire est voulu comme tel par des acteurs dits gestionnaires (élus municipaux et associatifs, gestionnaires de sites touristiques) ; dans un contexte touristique, il n’est « destination touristique » que s’il est perçu ainsi par les visiteurs/touristes actuels, voire les potentiels visiteurs/touristes ». Le territoire est donc le lieu par excellence de l’expression des diversités qu’on peut identifier dans une structure sociale.

La prise en compte de ces diversités en fonction du système ou du réseau d’acteurs impliqués dans la stratégie de développement touristique est la clé pour une meilleure compréhension des représentations qui émanent d’un territoire commercialisé comme une entité touristique. Plus que jamais, l’offre touristique se doit d’être conforme aussi bien aux attentes des résidents qu’à celui des différents publics de visiteurs. Le salut du tourisme de demain passe par la prise en compte de cet équilibre constant entre les résidents et les touristes qui favorise non seulement une meilleure appropriation du lieu, mais aussi des logiques plus durable et responsable dans les activités touristiques. C’est le choix que nous avons fait dans l’élaboration de la démarche « InTerreCo » que nous mettons actuellement en place dans la Communauté de Communes du Grand Chambord.

L’industrie du tourisme : les destinations au centre de la stratégie marketing

Traditionnellement, le rôle des acteurs gestionnaires d’un territoire mis en tourisme se limitait uniquement à la promotion et à l’animation de la vie locale.  Aujourd’hui, ce rôle a évolué en raison des exigences inhérentes aux stratégies de marketing territorial dans une logique de « destination » (Frochot et Legohérel, 2010 ; Petr, 2015). En effet, les professionnels du tourisme parlent de plus en plus de l’importance stratégique du management de la destination et les cursus universitaires prennent en compte ces nouvelles exigences de formation dans l’industrie du tourisme. Les acteurs publics comme privés, se doivent désormais d’être en amont et en aval du processus de gestion de leurs destinations. Ils mènent ainsi des réflexions aussi bien sur l’élaboration de leur stratégie de développement touristique, l’identification de leur positionnement que sur la politique de promotion touristique. La prise en compte de ce triptyque devient cruciale pour répondre au mieux à la forte concurrence entre les territoires.

Vidéo 2 –  Exemple de vision stratégique des professionnels du tourisme-OnlyLyon sur la promotion de leur destination.

Au-delà de ces éléments en lien avec les sujets de la destination (élus municipaux et associatifs, acteurs des offices de tourisme, gestionnaires de sites touristiques, habitants, touristes, etc.), il est important de prendre en compte la complexité même de l’objet qui est commercialisé : le territoire. Murphy et al. (2000) soulignent notamment l’importance de prendre en compte une composante essentielle du territoire pensé comme une destination touristique : le lieu de forte attraction touristique. Nous y reviendrons plus en détail dans un prochain article de blog sur la vulgarisation scientifique en marketing du tourisme.

Références bibliographiques

Di Méo G. (1998), Géographie sociale et territoires, Paris : Nathan Université coll. « Fac Géographie », 320 p.

Escadafal A. (2015), Des territoires aux destinations touristiques : la fin d’une illusion ? Sud-Ouest européen – Revue géographique des Pyrénées et du Sud-Ouest, 39, 55-63.

Frochot I. et Legohérel P. (2012), Marketing du Tourisme, 3ème édition, Dunod, 367 p.

Murphy P. E., Pritchard M. P. et Smith B. (2000), The destination product and its impact on traveler perceptions, Tourism Management, 21, 4, 43-52.

Petr C. (2015), Le marketing du tourisme, 2ème édition, Dunod, 128 p.