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Le Machu Picchu : le prodige architectural de l’empire Inca

InTerreCo pose un regard neuf sur les hauts lieux touristiques du monde. Les membres du collectif ambitionnent de questionner leurs impacts sur les territoires qui les hébergent, en termes d’attractivité et d’identité culturelle, voire de retombées socio-économiques et environnementales. Eu égard à cette ambition, quoi de mieux que d’étudier les 7 Merveilles du Monde Moderne sur une série de 7 articles ?! En ce mois de décembre, la troisième Merveille du Monde mise à l’honneur est le Machu Picchu. Ainsi, après l’Inde et la Chine, c’est au Pérou, sur le continent américain, que nous partons découvrir l’un des 7 sites d’exception du monde contemporain.

Le Machu Picchu : le plus grand héritage oublié de la civilisation Inca

Héritage oublié de la civilisation Inca, ce site d’envergure internationale est considéré comme un « joyau perdu » qui est réapparu dans le patrimoine mondial au 20ème siècle…

Une cité perdue retrouvée

Révélé aux yeux du monde en 1911, par l’archéologue américain Hiram BINGHAM, ce chef-d’oeuvre architectural a intégré la liste du Patrimoine Mondial de l’UNESCO en 1983. Dans la langue Quechua, « Macchu » signifie vieille et « Picchu » symbolise le sommet de la montagne. Ainsi, le Machu Picchu constitue l’héritage le plus remarquable de la civilisation inca. Il apparaît comme une œuvre artistique et architecturale singulière, unique en son genre et d’une ingéniosité sans pareille en matière d’aménagement du territoire à l’échelle mondiale. L’enchâssement du site archéologique à son environnement naturel est la preuve d’une possible coexistence harmonieuse et d’une grande beauté entre l’homme et la nature (Luciano P., 2011).

Un monument géographiquement singulier

Reconnue aux yeux de tous pour être dotée de valeurs culturelles et naturelles d’une grande rareté, cette ancienne forteresse culmine à près de 2 430 mètres d’altitude et s’étend sur plus de 32 000 hectares de pentes montagneuses, de vallées ainsi que de pics, encerclant “La Ciudadela”, monument prodigieux, composant le cœur du site archéologique.

Ce chef-d’œuvre d’architecture s’harmonise de manière singulière avec son environnement naturel auquel il est profondément lié, avec cette particularité qui étonne les visiteurs : le plus spectaculaire est invisible car 50 à 60% de l’ingéniosité architecturale de cette merveille est souterraine.

Un édifice à l’image de la puissance de l’empire Inca

À la fois centre religieux, cérémoniel mais également astronomique et agricole, il fut construit sous la civilisation Inca, au cours du XVᵉ siècle. Ce fut l’empereur Inca Pachacutec, un des plus éminents dirigeants du Tahuantinsuyo, qui découvrit ce lieu suite à une campagne militaire. La beauté du lieu et sa singularité topographique, le rendant stratégiquement facile à défendre, séduisirent l’empereur. La ville-citadelle fut érigée entre 1483 et 1471. Ainsi, de nombreux archéologues crurent que la vocation première du site fut défensive et militaire. 

A cette époque, l’empire Inca connaissait une véritable période de prospérité. Certains archéologues affirment que le site du Machu Picchu fut construit en l’honneur de la victoire des Incas sur le peuple Chancas. Ses lignes imposantes devaient le distinguer des édifices des cités avoisinantes. Son prestige attira les Incas qui vinrent s’y installer en nombre.

Une résidence de la royauté impériale

Le Machu Picchu fut aussi utilisé comme une résidence royale, lieu de repos pour l’empereur et sa famille “panaka”. Dans la culture Inca, chaque nouvel empereur se devait de construire ses propres demeures. Il était impensable pour eux de s’installer dans des demeures édifiées par l’un de leurs prédécesseurs au risque de cotoyer leurs esprits qui continueraient à y circuler. C’était également un moyen de fuir la pression politique de la capitale.

Un symbole de puissance économique 

Ce site archéologique peut, selon de nombreux archéologues, se diviser en 2 grandes parties : La première zone destinée à l’agriculture. Centre économique d’une grande importance pour le peuple Inca, les paysans entretenaient des champs artificiels afin de nourrir l’intégralité de la population. Néanmoins, le climat régional n’était aucunement propice à la culture. Afin de retenir l’eau, le peuple inca a élaboré un système hydrique d’une grande ingéniosité pour l’époque (Wright K. R., Kelly J. M. et Zegarra A. V., 1997). Aux terrasses, s’apparentant à des escaliers, furent intégrées des galeries de filtrages. Ainsi, la couche de fond était constituée de roche, celle intermédiaire de sables et la couche supérieure de terre arable. Sans ce procédé ingénieux, les inondations auraient emporté l’intégralité des cultures.

Selon l’altitude et le climat, les champs recevaient la cola, la pomme de terre, les haricots, du maïs ou encore le coton. Tout près du site, se trouvait la capitale de l’empire Inca, Cuzco, permettant l’acheminement permanent de produits, sans aucune nécessité de stockage. Le Machu Picchu constituait à lui seul l’entrepôt agricole de la région.

Un centre urbain dynamique

Poumon économique, le Machu Picchu était aussi un centre urbain et religieux d’une grande importance, qui constituaient la seconde zone du sanctuaire. Composé de plus de 200 constructions et édifié sur une crête escarpée, cette zone était divisée en deux parties distinctes : la haute ville (Hanan) et la basse ville (hurin).

Les édifices furent bâtis selon une technique de maçonnerie remarquable pour l’époque. Ils étaient le résultat d’un travail de précision de grande envergure, montés entièrement à la main. Pour preuve, la présence de magnifiques temples, à l’architecture travaillée en pierres polies : le Temple du Soleil, le Temple de la lune ou encore le Temple du Condor. Ces monuments sont capables de résister aux séismes, fréquents dans la région. De par la proximité des roches, elles retrouvent de manière naturelle leur place initiale après une éventuelle secousse.

Un édifice d’une ingéniosité sans précédents

L’ingéniosité dont a fait preuve le peuple inca à travers l’utilisation d’une technologie éprouvée ainsi que l’attention portée au processus de construction des structures du sanctuaire, ont permis à ce dernier de traverser les siècles (Cuadra C., Sato Y., Tokeshi J., Kanno H., Ogawa J., Karkee M. B. et Rojas, J., 2005). Si lors de sa construction, les fondations n’avaient pas été le fruit d’une réflexion profonde, les glissements de terrain ainsi que les tremblements auraient emporté le sanctuaire depuis longtemps (Petroski H., 2009).

Une ville sacralisée

Des études plus approfondies ont affirmé que la cité était également un lieu de culte avec des espaces dédiés. Certains archéologues et anthropologues ont affirmé que ce sanctuaire est lié au Divin. Le choix du lieu, au sommet d’une montagne, symboliserait la volonté des Incas d’affirmer leur suprématie en se de se rapprochant du Soleil. Le lieu est ceint par la rivière sacrée Urubamba et circonscrit par les sommets de la Cordillère des Andes. Dans la culture inca, le soleil est une divinité, les montagnes sont source de vénération et l’eau est sacralisée. Nombreuses sont les constructions présentes au sein de la ville qui s’alignent sur le soleil selon la période de l’année.

L’Intihuatana, l’autel dédié au Soleil, l’un des monuments les plus connus du Machu Picchu, signifie “le lieu où s’attache le soleil”. Il est présent au sommet du site archéologique et est le parfait exemple de cette relation à la divinité. Il a été longtemps affirmé que le site abritait les “Nustas” qui étaient des vierges mariées au soleil et qui consacraient l’intégralité de leur existence au culte d’Inti, le Soleil. 

Les montagnes situées aux alentours, bien plus hautes, vont avoir cette capacité de contrôler la météo et par conséquent, la fertilité de la terre et des animaux. Ces dernières revêtent le rôle de protectrices et de divinités de la guerre pour les peuples vivants auprès d’elles et les vénérant. D’autres édifices sont dirigés vers ces dernières, où l’âme de ceux qui sont partis est censée reposer.

Une cité perdue à la fin de la civilisation Inca

En 1531, l’empire Inca s’effondre. Les conquistadors espagnols, dotés d’armes à feu et de chevaux terrifient les populations locales. Lors de leur arrivée, une guerre civile a éclaté suite à la haine des peuples locaux à l’encontre des Incas. L’empire se retrouve dès lors en proie à une guerre de succession. Il ne faudra que peu d’efforts aux conquistadors, désireux d’acquérir les vastes richesses présentes au sein de la cité, pour le conquérir. Résistants pendant de nombreuses années, les habitants fuirent progressivement la cité pour retourner vivre dans leur village d’origine. En 1532, le dernier empereur Inca, Atahualpa, fut assassiné par l’Espagnol Pizzaron, mettant ainsi un terme à la civilisation Inca.

Le Machu Picchu : un monument national…

… Au service du tourisme

Le tourisme a généré une économie locale florissante. Il n’était pas rare d’y voir de nombreuses entreprises familiales telles que des restaurants, des auberges ou encore des artisans ou des commerçants vendant de la céramique, du textile ou encore des souvenirs en réponse à la consommation touristique (Luciano, P; 2011). Chaque année, ce sont près de 1 500 000 visiteurs qui viennent découvrir la cité perdue, faisant de ce site archéologique, la première attraction touristique du pays. En 1965, l’État péruvien a conçu le “Plan Turístico y Cultural de la Comisión Especial (plan COPESCO), en coopération avec l’UNESCO afin de restaurer les ruines archéologiques.

Aujourd’hui, la région de Cuzco n’est plus uniquement reconnue comme symbole par l’UNESCO pour la singularité de ses caractéristiques culturelles et naturelles ainsi que de ses sites reconnus au rang de patrimoine mondial. Cette région est devenue un centre touristique accueillant des milliers, voire des millions de visiteurs, provenant majoritairement des régions d’Europe et du Nord de l’Amérique.

De nombreux autochtones quechuas sont encore aujourd’hui présents dans les zones rurales et vivent dans les hautes altitudes des Andes. Les touristes apprécient grandement leur présence et les associent, bien souvent, à la représentation la plus pure du peuple Inca. C’est ainsi que naquit une stratégie de marketing ethnique, mise en place par de nombreuses agences de voyages “Ils sont des descendants directs du peuple Inca, alors n’oubliez pas que ce sont leurs ancêtres qui ont bâti les nombreuses merveilles qui sont à l’origine de votre appétence pour le Pérou”   (Arellano A., 2011).

Néanmoins, le tourisme de masse a un impact négatif sur le site qu’il détériore et fragilise.

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et en proie à la menace environnementale

En matière environnementale, de nombreuses inquiétudes ont émergé face aux pillages, à la collecte de bois et de plantes à destination de la vente ou encore à cause de la mauvaise gestion des déchets ou au braconnage, amenant à la destruction silencieuse d’un écosystème tout entier. La pollution de l’eau, causée par les déchets de l’urbanisation et par les produits agrochimiques qui sont déversés dans l’Urubamba, contribue à alimenter progressivement la disparition de l’environnement.

Les solutions apportées par l’État Péruvien

Au cours de l’année 1981, le gouvernement péruvien, par l’intermédiaire de l’Institut National des Ressources Naturelles (INRENA) a déclaré de manière officielle que le sanctuaire du Machu Picchu était un site naturel et archéologique protégé (Arellano A., 2011).

Le sanctuaire est aujourd’hui placé sous l’autorité de l’État péruvien et intégré au réseau national des aires protégé du pays. Une juridiction a été établie afin de le protéger. En 1999, l’Unité de gestion du Sanctuaire historique de Machu Picchu (UGM) a été conçue afin de mettre en application des stratégies de gestion du site.

L’État péruvien a également instauré de nombreuses mesures afin de préserver cet héritage du passé. Ainsi, le gouvernement a cherché à réguler le flux de touristes : chaque jour, le nombre de visiteurs est limité à 2 500 personnes. Néanmoins, ce chiffre n’est pas immuable et il se peut que, dans un avenir proche, il soit revu à la baisse. Les autorités ont aussi instauré un système de tranches (matin, midi, après-midi), qui couvre chacune, trois heures, évitant ainsi une trop grande masse de tourisme.

Un mystère qui n’a pas encore livré tous ses secrets […]

Après la conquête espagnole, le Machu Picchu fut oublié pendant de nombreux siècles. Sa découverte, en 1911, l’a remis sur le devant de la scène international, faisant de ce monument une des merveilles architecturales et d’ingéniosité unique au monde. Malgré de nombreuses recherches, le Machu Picchu reste un mystère qui n’a pas encore livré tous ses secrets.

Bibliographie

Arellano, A. (2011). Tourism in poor regions and social inclusion : the porters of the Inca Trail to Machu Picchu. World Leisure Journal, 53(2), 104‑118. 

Cuadra, C., Sato, Y., Tokeshi, J., Kanno, H., Ogawa, J., Karkee, M. B., & Rojas, J. (2005). Evaluation of the dynamic characteristics of typical Inca heritage structures in Machupicchu. WIT Transactions on The Built Environment, 83.

Luciano, P. (2011). Where are the Edges of a Protected Area? Political Dispossession in Machu Picchu, Peru. Conservation and Society, 9(1), 35-41. 

Petroski, H. (2009). Engineering: Machu Picchu. American Scientist, 97(1), 15-19. Retrieved. 

Wright, K. R., Kelly, J. M., & Zegarra, A. V. (1997). Machu Picchu : Ancient Hydraulic Engineering. Journal of Hydraulic Engineering, 123(10), 838‑843. 

InTerreCo : Taj Mahal

Le Taj Mahal : un joyau architectural au service d’un territoire

InTerreCo pose un regard neuf sur les hauts lieux touristiques du monde. Les membres du collectif ambitionnent de questionner leurs impacts sur les territoires qui les hébergent, en termes d’attractivité et d’identité culturelle, voire de retombées socio-économiques et environnementales. Eu égard à cette ambition, quoi de mieux que d’étudier les 7 Merveilles du Monde Moderne sur une série de 7 articles ?! Fidèle à notre ligne directrice sur les « territoires interconnectés », nous vous amenons à ouvrir une nouvelle fenêtre sur les beautés du monde à travers les 5 continents. La première étape de ce périple vous conduit à la découverte de la merveille phare de l’Inde : le Taj Mahal !

Jadis, les Grecs furent à l’origine de la création d’une liste regroupant 7 Merveilles du Monde, présentes initialement aux alentours de la méditerranée Orientale. Elles furent pour eux, considérées comme une ode à la beauté ainsi qu’à la culture qui leur avait donnée vie (Barbier, 1995). Néanmoins, au fil des siècles, 6 de ces 7 Merveilles du monde Antique disparurent, ne laissant plus que l’unique possibilité d’admirer l’ultime survivante : la Pyramide de Khéops, en Égypte. Face à cela, ont été nommé au cours de l’année 2007, 7 nouvelles « Merveilles du Monde » des temps Modernes1, incluant le Taj Mahal.

Un patrimoine national aux valeurs universelles 

En 1983, le Taj Mahal, aussi appelé “Palais de la Couronne” en Perse, rejoint la liste du patrimoine mondiale de l’UNESCO. Cette dernière a pour ambition de préserver un monument aux valeurs universelles et uniques. Cette inscription va ainsi représenter un véritable enjeu économique pour le territoire indien, devenant un vecteur de visibilité internationale. Grâce à cela, le “monument de l’amour” comme le surnomme les locaux, voit sa notoriété franchir les frontières du pays. Il devient par la même occasion un véritable outil de développement territoriale, dynamisant de nombreux domaines annexes tels que le commerce, l’urbanisme, etc.

Cette visibilité internationale va s’accroître encore plus en 2007 avec l’organisation d’un vote prestigieux à l’échelle planétaire. En effet, la New Seven Wonder Foundation a soumis au vote du public une liste de 21 sites et bâtiments présents à travers les 5 continents. C’est ainsi que ce joyau Indo-Islamique fut érigé au rang de l’une des 7 merveilles du monde Moderne. Véritable symbole de richesse et d’ingéniosité, sa singularité repose sur la rencontre entre le style architectural ottoman, islamique, iranien et indien. Ce chef-d’œuvre se voit ainsi doté d’une puissance culturelle sans pareille, semblable à nul autre.

 

Une ode à l’amour éternel 

Le Taj Mahal se situe au sein de la ville d’Agra (dans l’État de l’Uttar Pradesh), au bord de la rivière Yumanâ, affluent du Gange. Ce dernier est considéré dans la religion hindoue comme le purificateur des âmes. C’est ainsi qu’entre 1632 et 1648, le mausolée fut construit sous les ordres de l’empereur Moghol, Shah Jahan, à la mémoire de celle que l’on surnommait la “Merveille du Palais”, Mumtâz Mahal. Elle fut sa troisième femme mais perdit la vie en mettant au monde son 14ᵉ enfant. Lui vouant un amour inconditionnel, il décida de lui construire une tombe où elle pourrait reposer en paix éternellement.

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Une merveille d’architecture aux innombrables symboles

Par la construction de ce monument d’exception, l’empereur Shah Jahan aspirait à faire du Taj Mahal la plus proche représentation du paradis sur Terre. C’est pourquoi, afin d’en faire le chef-d’œuvre architectural actuel, il vit les choses en grands : il fit appel à 9 des meilleurs architectes de l’époque, venu des 4 coins du monde et à plus de 20 000 ouvriers qui travaillèrent sur ce projet de grande envergure. Des matériaux provenant de toutes les régions de l’Inde et du reste du continent asiatique furent utilisés. Plus d’une vingtaine de pierres ornementales et fines vinrent composer le monument et y furent incrustées.

Vêtu entièrement de marbre blanc, il est le symbole de la lumière et des édifices de perles présentes au Paradis dans le Coran. Quel que soit le moment au cours de la journée, le monument se révèle comme une perle de lumière. De plus, la couleur blanche renvoie à l’amour pur que portait l’empereur à sa femme. Le complexe, d’une taille vertigineuse, est organisé en trois grandes parties : La première est la cour intérieure, appelée également Jilaukhana (« Porche de maison »). Elle est assimilable à une antichambre faisant allusion au passage entre le monde terrestre (la vie séculière) représenté par la ville et le Paradis sur terre (la vie spirituelle) évoqué par les jardins. Ces derniers, d’ailleurs, constituent la seconde grande partie du site.  Également appelés Chahar Bagh, ils représentent le Paradis, où là, y règne la perfection. Cette partie est divisée en 4 sous-parties, elles-mêmes segmentées en 4 autres par le même nombre de plans d’eau. Le chiffre 4 est omniprésent dans la conception architecturale du site : il fait allusion aux 4 rivières du Paradis évoquées dans la religion islamique. Pour finir, la troisième grande partie est celle qui revêt un aspect porté sur le sacré, se composant du mausolée blanc, de la mosquée ainsi que du pavillon destiné aux invités, appelé Jawab, réplique parfaite de la seconde.

À l’époque déjà, le Taj Mahal était d’une grande ambition, symbole d’une volonté de surpasser les merveilles du monde qui préexistaient avant sa construction. Son architecture, poussée à la perfection dans son exactitude et sa symétrie, contribua à le rendre célèbre au fil des siècles.

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Un atout au service du rayonnement culturel de l’Inde

L’acquisition du sceau de l’UNESCO a une véritable portée au niveau touristique et culturelle (Barbier, 1995). Aujourd’hui, les pays du monde entier, dont l’Inde, cherchent à préserver les manifestations visibles de leur héritage passé. Ainsi, ce label constitue un moyen de lutter contre la disparition de leur édifie au cours du temps. Lorsqu’un pays inscrit un monument sur cette liste, cela contribue à satisfaire à leur fierté nationale et devient un argument touristique de poids (Barbier 1995).  Aujourd’hui, la gestion du Taj Mahal est sous l’autorité de l’Archaeological Survey of India. Néanmoins, au vu de son inscription au sein de la liste du patrimoine mondial de l’Unesco, l’Inde se doit de parvenir à atteindre un certain nombre d’objectifs définis par la commission. Ces derniers ont pour fin de protéger le monument qui fait dès lors partie intégrante du patrimoine mondial de l’humanité et non plus d’un seul et unique pays (Barbier, 1995).

Tous les moyens sont mis en œuvre afin de préserver ce monument. Des centaines de milliers de dollars ont ainsi été dépensés par l’Inde afin de procéder à sa protection et à sa préservation. Afin de rassembler les ressources nécessaires, le tourisme est systématiquement promu. Il va également avoir pour conséquence de dynamiser l’activité locale. C’est ainsi qu’en 2002, la première campagne touristique dite offensive « Incrédible India ! » fut développée afin d’établir toute une stratégie de marque autour de l’Inde (Goreau-Ponceaud, 2019). Ces campagnes sont un moyen pour le gouvernement Indien de véhiculer les représentations et les perceptions de ce patrimoine qu’est le Taj Mahal par la création de récits nationaux, approuvés par l’industrie du tourisme puis diffusés par les médias nationaux (Goreau-Ponceaud, 2019).

Chaque année, ce monument historique attire des millions de visiteurs, dont 90 % sont des touristes locaux. Rien qu’en 2019, c’est 10 millions de touristes qui sont venus admirer ce monument magistral. Le tourisme domestique est un véritable moteur du secteur touristique en Inde. Le Taj Mahal fait partie du “Triangle d’Or”, composé de la ville d’Agra, de Delhi et de Jaipur. Ce dernier est inclus dans la plupart des circuits touristiques proposés par les agences indiennes. Ici, sont valorisés le passé, la culture mystique et ancienne et la religion (Goreau-Ponceaud, 2019). Pour de nombreux auteurs, le tourisme culturel apparaît comme une solution pour “sauver le mode” au sens propre comme au figuré. De plus, il  offre à la communauté locale l’opportunité de contrôler son propre développement ainsi que de s’en approprier les nombreuses retombées (Marcotte & Bourdeau, 2010). Par conséquent,  la ville d’Agra voit aujourd’hui son économie se développer grâce au tourisme mais aussi à l’industrie, notamment le forgeage et la fonderie (Singh, Sharma, 2012).

Le Taj Mahal est devenu au fil du temps l’objet d’un marketing territorial, mettant en lumière son unicité architecturale ainsi que l’esthétisme des lieux. La reconnaissance de ce site au niveau national et international a ainsi favorisé l’accroissement de sa valeur au niveau économique mais également esthétique (Marcotte, Bourdeau, 2010).

Un monument sujet à de nombreuses menaces…

Le Taj Mahal a réussi l’exploit d’accélérer le rayonnement territorial de l’Inde aux niveaux national et international, notamment grâce au tourisme qui a généré de nombreux bénéfices économiques pour le pays. Toutefois, comme le disent les auteurs Marcotte et Bourdeau (2010),  “ce qui est bon pour le tourisme, est rarement bon pour la conservation et ce qui est bon pour la conservation, l’est rarement pour le tourisme.” Ainsi, voilà les enjeux auxquelles sont confrontés le pays : malgré un apport non négligeable à la société indienne, le Taj Mahal subit les contre-coups des politiques d’urbanisation et touristiques du pays, accélérant son déclin. Par conséquent, ce chef-d’œuvre de l’art Indo-Islamique est en proie à de nombreuses menaces telles que la pollution de l’air ou encore le tourisme de masse. 

La pollution

De nos jours, le monde est en proie à une crise environnementale sans précédent, causée par une pollution de l’air qui est due au développement fulgurant du processus d’industrialisation et d’urbanisation, du secteur automobile et à une croissance démographique et économique (Singh, R., & Sharma, B. S, 2011). Les Indiens sont fortement concernés par ce phénomène et subissent une détérioration de la qualité de leur air, provenant des aérosols, de l’automobile ou encore de l’industrie. (Singh, R., & Sharma, B. S, 2011). Ce phénomène a d’importantes conséquences sur les hommes, les végétaux, mais également les monuments comme le Taj Mahal qui n’est pas épargné. Depuis plusieurs années déjà, les marques de cette pollution sont de plus en plus visibles : on assiste à un jaunissement du marbre blanc, nécessitant une intervention des conservateurs qui appliquent fréquemment des couches de boues, favorisant l’absorption des impuretés. 

Le tourisme de masse

Le tourisme de masse a essentiellement pour conséquence de détériorer les monuments à fort taux de visites. Le Taj Mahal s’est ainsi vu envahir par des millions de visiteurs qui piétinent quotidiennement un sol inadapté à supporter une telle charge (Bastenier, 2006). Ce tourisme a également amené à folkloriser les identités ainsi qu’à commercialiser des traditions, qui sont pour la plupart factices, mais qui restent vendables à ces « envahisseurs » capables de payer (Bastenier, 2006). Malgré ces aspects très peu reluisants du tourisme, l’Inde aurait du mal à se passer d’une telle manne financière. Ce phénomène est une source de recettes vitales pour de nombreux pays du Sud, dont l’Inde. 

… Mais plus que jamais au cœur des préoccupations

Afin de prévenir le déclin du monument et d’en préserver son aspect originel, les autorités indiennes ont tenté de prendre des mesures.  Des normes anti-pollutions ont été ainsi imposées aux usines présentes au sein de la ville d’Agra. Toutefois, elles viennent se heurter aux problèmes économiques déjà existants. Le trafic routier se voit limiter à un périmètre de 500 m et une obligation est faite aux usines implantées dans un rayon de 20 kilomètres de passer au gaz naturel ou de fermer.

Une politique commerciale à également été menée afin de réduire le nombre de visites sur le site en pratiquant une tarification différenciée  selon la provenance du visiteur et en limitant les heures de visite. Ces décisions ont permis de limiter les dépassements de seuil de saturation du site touristique d’envergure qu’est le Taj Mahal. En effet, le nombre de touristes quotidien a diminué de près de la moitié passant de 70 000 à 40 000 visiteurs. Il est aujourd’hui également nécessaire de revêtir des chaussons au cours de la visite du mausolée  afin de conserver au mieux le site. 

Ce joyau de l’art Indo-Islamique a su laisser son empreinte dans l’histoire et marquer les esprits par ses prouesses architecturales fascinantes, sa beauté, son histoire mais également sa richesse culturelle, le rendant unique. Il a su conserver toute sa splendeur originelle à travers les siècles, ne subissant que peu les ravages du temps. Néanmoins, il est aujourd’hui sujet à de nombreuses menaces qui sont la conséquence de politiques contemporaines. Au regard des enjeux liés à la préservation de ce monument, l’Inde se doit de s’engager dans une logique de développement durable à l’image du Réseau des Grands Sites de France (RGSF).  

1 La Grande Muraille de Chine, Pétra en Jordanie, La Statue du Christ rédempteur à Rio de Janeiro, Le Machu Picchu, Le site archéologique de Chichén Itzá au Mexique, Le Colisée de Rome et le Taj Mahal.

Bibliographie

  • Barbier, B. (1995). Patrimoine, Patrimoine Mondial (UNESCO) et tourisme.
  • Bastenier, A. (2006). Le tourisme, utopie contemporaine. La revue nouvelle, (1-2), 17-21.
  • Goreau-Ponceaud, A. (2019). Colonialité et tourisme: la fabrique des identités et des altérités en Inde. Via. Tourism Review, (16).
  • Marcotte, P. & Bourdeau, L. (2010). La promotion des sites du Patrimoine mondial de l’UNESCO : compatible avec le développement durable ?. Management & Avenir, 34(4), 270-288. doi:10.3917/mav.034.0270.
  • Singh, R. et Sharma, BS (2012). Composition, variation saisonnière et sources de PM 10 du site du patrimoine mondial Taj Mahal, Agra. Surveillance et évaluation de l’environnement , 184 (10), 5945-5956.

InTerreCo vous souhaite un bel été 2020 !

[Pause : mois d’août 2020 !]

Notre blog sera temporairement inactif durant ce mois d’août 2020 en raison des vacances de plusieurs membres de notre Collectif. Nous serons de retour dès septembre prochain pour vous partager nos aventures dans l’univers du tourisme et du développement durable des territoires.

InTerreCo vous souhaite un bel été 2020 !

Nous vous remercions très sincèrement de nous suivre et pour la confiance témoignée durant ces premiers mois de vie de notre Collectif.

A très bientôt  !

 

 

Grand Site de France, InTerreCo.

Le Réseau des Grands Sites de France

Le Réseau des Grands Sites de France (RGSF) est une association française loi 1901, reconnue d’intérêt général, qui a été créée le 7 novembre 2000. Il regroupe différents organismes locaux qui ont pour vocation de gérer et de mettre en valeur des sites classés sur les territoires français. On y distingue aussi bien des sites ayant obtenu le label « Grand Site de France » attribué par le ministère de la Transition écologique que des sites non labellisés qui aspirent à l’obtenir.

Un Grand Site de France

Un Grand Site de France est un espace naturel et/ou culturel d’exception, généralement classé, qui fait l’objet d’une forte fréquentation touristique. Il est géré par différents organismes locaux (communautés de communes, syndicats mixtes, etc.) qui mettent en oeuvre des politiques fondées sur des valeurs communes en lien avec la préservation et la valorisation de ce(s) lieu(x) unique(s). Pour obtenir le label de « Grand Site de France », il est nécessaire d’intégrer le Réseau des Grands Sites de France (RGSF) et de répondre à un cahier de charges en rapport avec la préservation et la valorisation des périmètres du territoire concerné.

Deux membres de notre Collectif travaillent actuellement sur le volet marketing territorial d’une opération Grand Site de France dans la Communauté de Communauté de Communes du Grand Chambord (CCGC). Des dires de la directrice du RGSF, Soline Archambault, c’est la première fois qu’une stratégie de marketing territorial est pensée en amont et en cours d’une opération visant à l’attribution du label « Grand Site de France ». Ce qui constitue un réel atout pour le territoire du Grand Chambord et une véritable opportunité pour d’autres territoires français qui souhaitent s’inspirer d’une telle démarche.

Le label des Grands Sites de France met en valeur des paysages exceptionnels, à découvrir sur tout le territoire.

Le Routard (février, 2019).

Vidéo – Le Routard : le Réseau des Grands Sites de France

Une mission de préservation, de gestion et de valorisation

L’une des principales finalités d’une Opération Grand Site (OGS) est la restauration des espaces dits remarquables de par leur renommée et leur fréquentation touristique. En concertation avec les différentes parties prenantes concernées par la gestion du périmètre faisant l’objet de l’OGS, le RGSF accompagne la politique de restauration, de préservation des sites, de gestion des flux touristiques, de participation des locaux à la vie du Grand Site, d’amélioration de la qualité des visites et du partage équitable des retombées économiques entre les différents acteurs locaux. Cet accompagnement est fait dans le cadre des directives fixées par le ministère de la Transition écologique pour l’obtention du label d’excellence « Grand Site de France » (valable 6 ans renouvelable et inscrit au code l’Environnement – loi Grenelle 2 du 10 juillet 2010). C’est un label qui témoigne de la réelle volonté d’un site et/ou d’un territoire de s’inscrire dans une logique de développement durable, voire d’économie sociale et solidaire. C’est le cas aujourd’hui dans la Communauté de Communes du Grand Chambord où l’intercommunalité mène une OGS en partenariat avec le Domaine national de Chambord.

Communauté de Communes du Grand Chambord (CCGC).
Communauté de Communes du Grand Chambord (CCGC).

« Actuellement, on peut percevoir ce territoire comme une association d’acteurs locaux disposant de réels atouts dans les volets du tourisme patrimonial, du tourisme de nature, de l’œnotourisme et des activités de loisirs sportifs. Le Grand Chambord est animé par des dynamiques indépendantes avec en son centre le lieu de forte attraction touristique : le Domaine national de Chambord.
Ce fonctionnement « autonome » des entités locales s’illustre également par un émiettement des flux d’entrée et de sortie du territoire. Une mutualisation des flux permettrait de créer une véritable porte d’entrée intercommunale par laquelle se dessinerait un cheminement destiné à découvrir et redécouvrir tous les atouts du Grand Chambord.
Si le rayonnement de la commune de Chambord/ Domaine national de Chambord à l’échelle micro et macro n’est plus à démontrer, l’interconnexion avec les pôles locaux doit être renforcé à l’échelle intercommunale ».

Tout comme l’illustre ces propos de Maxime Dargenton, membre du Collectif « In-Terre-Co », la démarche InTerreCo vise à répondre au besoin d’association et de participation des différents acteurs locaux à la politique de préservation, de gestion et de valorisation des territoires, voire des Grands Sites de France.

Un large réseau

Le RGSF compte aujourd’hui 47 Grands sites membres (labellisés ou non) qui sont présentés sur le site Internet du réseau. Il est un espace de réflexions, d’innovations et d’échanges de bonnes pratiques (savoir-faire) entre les différents acteurs gestionnaires.

Logo associé à un un territoire et/ou lieu ayant obtenu le label Grand Site de France.
Logo associé à un territoire et/ou lieu ayant obtenu le label Grand Site de France.

InTerreCo, destination touristique : notion clé dans le tourisme.

La destination touristique : une notion clé dans l’industrie du tourisme

Traditionnellement, l’activité touristique fait référence à une personne ou à un groupe de personnes qui séjourne pendant une période donnée dans un lieu autre que le milieu de vie habituel. Aujourd’hui, cette approche peut être questionnée au vu des mutations qui s’opèrent dans l’industrie du tourisme pour donner suite à la crise du Covid19. Le lieu prend un sens encore plus complexe dans les logiques touristiques et devient un élément clé pour les différents acteurs gestionnaires confrontés aux nouveaux enjeux de l’industrie du tourisme. De ce point de vue, nous considérons qu’il peut être mieux compris par le prisme de la notion de destination touristique.

La notion de destination touristique

La « destination » devient un élément central dans les politiques touristiques des territoires. On peut ainsi identifier plusieurs destinations à l’échelle des territoires français, entre autres : la destination Angers,  la destination Dordogne-Périgord, ou encore la destination Côte d’Azur France.

On entend par destination un territoire, qui est commercialisé comme une entité touristique auprès de marchés multiples (domestiques et internationaux). Le périmètre d’une destination peut correspondre à des frontières administratives (nation, région) si elles traduisent des orientations culturelles fortes, mais elle peut également représenter des caractéristiques géographiques spécifiques (les Alpes, les Pyrénées, la Côte d’Azur) ou des particularités géographiques locales (le cirque de Gavarnie, le Grand Canyon, etc.). La notion de destination peut également dépasser le cadre du territoire national. Dans ce cas de figure, elle implique différents pays dans un circuit de visite (la commercialisation du bassin méditerranéen auprès des clientèles de croisière).

Frochot et Legohérel (2012).

Vidéo 1 – La Vallée de la Dordogne (Dordogne Périgord Tourisme).

L’enjeu pour les professionnels du tourisme dans les années à venir n’est plus seulement lié à leur capacité à attirer des publics visiteurs et/ou touristes dans un lieu autre que celui de résidence, mais il implique aussi une réelle vision de destination touristique au sens large qui permet de donner une représentation nouvelle aux lieux touristiques et aux territoires qui les abritent. Il s’agit essentiellement de penser ces lieux comme un espace de vie au sein duquel les intérêts de différents acteurs (gestionnaires comme visiteurs) convergent et/ou divergent par rapport aux attentes et aux motivations de chacun. Comme le souligne si bien Escadafal (2015) :

Le territoire est vu comme un espace social et un espace vécu (Di Méo, 1998). C’est un système complexe avec plusieurs réseaux d’acteurs et plusieurs identités. Sa création est de nature intentionnelle de par le caractère volontaire qui est attribué à un et/ou plusieurs acteurs, responsables de son émergence.

Escadafal (2015) précise par ailleurs qu’au-delà de la dimension politique qui se dégage de sa création, il est important de considérer les éléments patrimoniaux qui émergent dans la construction d’une identité collective au sens de l’inscription du projet de création dans l’histoire. Ce qui l’amène à conclure que même si le territoire est voulu comme tel par des acteurs dits gestionnaires (élus municipaux et associatifs, gestionnaires de sites touristiques) ; dans un contexte touristique, il n’est « destination touristique » que s’il est perçu ainsi par les visiteurs/touristes actuels, voire les potentiels visiteurs/touristes ». Le territoire est donc le lieu par excellence de l’expression des diversités qu’on peut identifier dans une structure sociale.

La prise en compte de ces diversités en fonction du système ou du réseau d’acteurs impliqués dans la stratégie de développement touristique est la clé pour une meilleure compréhension des représentations qui émanent d’un territoire commercialisé comme une entité touristique. Plus que jamais, l’offre touristique se doit d’être conforme aussi bien aux attentes des résidents qu’à celui des différents publics de visiteurs. Le salut du tourisme de demain passe par la prise en compte de cet équilibre constant entre les résidents et les touristes qui favorise non seulement une meilleure appropriation du lieu, mais aussi des logiques plus durable et responsable dans les activités touristiques. C’est le choix que nous avons fait dans l’élaboration de la démarche « InTerreCo » que nous mettons actuellement en place dans la Communauté de Communes du Grand Chambord.

L’industrie du tourisme : les destinations au centre de la stratégie marketing

Traditionnellement, le rôle des acteurs gestionnaires d’un territoire mis en tourisme se limitait uniquement à la promotion et à l’animation de la vie locale.  Aujourd’hui, ce rôle a évolué en raison des exigences inhérentes aux stratégies de marketing territorial dans une logique de « destination » (Frochot et Legohérel, 2010 ; Petr, 2015). En effet, les professionnels du tourisme parlent de plus en plus de l’importance stratégique du management de la destination et les cursus universitaires prennent en compte ces nouvelles exigences de formation dans l’industrie du tourisme. Les acteurs publics comme privés, se doivent désormais d’être en amont et en aval du processus de gestion de leurs destinations. Ils mènent ainsi des réflexions aussi bien sur l’élaboration de leur stratégie de développement touristique, l’identification de leur positionnement que sur la politique de promotion touristique. La prise en compte de ce triptyque devient cruciale pour répondre au mieux à la forte concurrence entre les territoires.

Vidéo 2 –  Exemple de vision stratégique des professionnels du tourisme-OnlyLyon sur la promotion de leur destination.

Au-delà de ces éléments en lien avec les sujets de la destination (élus municipaux et associatifs, acteurs des offices de tourisme, gestionnaires de sites touristiques, habitants, touristes, etc.), il est important de prendre en compte la complexité même de l’objet qui est commercialisé : le territoire. Murphy et al. (2000) soulignent notamment l’importance de prendre en compte une composante essentielle du territoire pensé comme une destination touristique : le lieu de forte attraction touristique. Nous y reviendrons plus en détail dans un prochain article de blog sur la vulgarisation scientifique en marketing du tourisme.

Références bibliographiques

Di Méo G. (1998), Géographie sociale et territoires, Paris : Nathan Université coll. « Fac Géographie », 320 p.

Escadafal A. (2015), Des territoires aux destinations touristiques : la fin d’une illusion ? Sud-Ouest européen – Revue géographique des Pyrénées et du Sud-Ouest, 39, 55-63.

Frochot I. et Legohérel P. (2012), Marketing du Tourisme, 3ème édition, Dunod, 367 p.

Murphy P. E., Pritchard M. P. et Smith B. (2000), The destination product and its impact on traveler perceptions, Tourism Management, 21, 4, 43-52.

Petr C. (2015), Le marketing du tourisme, 2ème édition, Dunod, 128 p.

InTerreCo Grand Chambord

InTerreCo dans le Grand Chambord

La pérennité des territoires est au cœur de la démarche « InTerreCo ». Notre objectif principal est d’instaurer un espace de « Coworking » pour les jeunes auto-entrepreneurs qui s’inscrivent dans une logique de développement durable et responsable. Le premier projet du Collectif est porté par deux jeunes auto-entrepreneurs qui travaillent dans le cadre d’une opération Grand Site de France.

Koffi Selom Agbokanzo et Maxime Dargenton accompagnent le Grand Chambord dans son intégration au Réseau des Grands Sites de France, ainsi que dans son projet lié à l’obtention du label « Grand Site de France » attribué par le ministère de la Transition écologique et solidaire. Ils sont en charge du volet « marketing territorial » qui a pour vocation de contribuer activement à l’élaboration d’une stratégie de développement touristique durable et responsable sur le territoire.

Pourquoi le Grand Chambord ?

« Premier territoire français à nous faire confiance, nous avons pour mission de concevoir sa stratégie de marketing territorial en plaçant le local au cœur des dynamiques touristiques. Cette approche est vital dans le contexte actuel de crise sanitaire (Covid19) où les différents paradigmes de l’industrie du tourisme sont remis en cause ».

En 2018, l’industrie mondiale du tourisme compte près de 1,4 milliards de touristes étrangers, soit une hausse de 5,4% par rapport à 2017*. Avec 89,3 millions de touristes étrangers en 2018, la France a bénéficié de cette progression.
Les prévisions de 2019 se fondaient sur une montée de la fréquentation touristique étrangère. Cependant, la crise du Covid19 remet en cause ces perspectives optimistes et de fait, oblige à revoir les stratégies de développement touristique. L’offre touristique doit désormais séduire en priorité une clientèle locale, régionale et nationale. Pour les chercheurs et les praticiens en marketing du tourisme, les réflexions se structurent autour d’une question centrale : « comment les territoires vont-ils s’adapter au nouveau paradigme du tourisme ? »

Ce projet que nous menons dans la Communauté de Communes du Grand Chambord rentre pleinement dans ces réflexions sur un tourisme qui se doit de répondre aux nouvelles exigences socio-politiques, économiques, voire écologiques du secteur. Il s’agit essentiellement de concevoir une stratégie de marketing territorial en prenant en compte les considérations de chaque partie prenante sur le territoire.

Communauté de Communes du Grand Chambord.
Communauté de Communes du Grand Chambord.

Pourquoi s’inscrire dans l’opération Grand Site de France ?

Nous pouvons dire que nous partageons des valeurs communes dans la mesure où notre texte fondateur répond en partie à certains principes forts du Réseau des Grands Sites de France, à savoir :

  • un respect de « l’esprit des lieux » propre à chaque site,
  • une prise en compte du volet pédagogique dans l’accueil des publics, 
  • une bonne gestion des flux de fréquentation touristique, 
  • une association des résidents aux politiques de développement touristique, 
  • et une prise en compte des différents acteurs économiques à l’échelle locale dans l’élaboration des stratégies touristiques.

Répondre à ces différentes préoccupations est au cœur des missions stratégiques que nous menons sur le volet marketing territorial. Nous considérons que les territoires sont en constante évolution au fur et à mesure des mutations économiques, des mobilités humaines et des interactions socioculturelles entre les différents acteurs. Pour reprendre les mots de Escadafal (2015)** :

« le territoire est un système complexe dans lequel on retrouve plusieurs réseaux d’acteurs et différentes identités ».

 

* Source : Organisation Mondiale du Tourisme (OMT).

** Escadafal A. (2015), Des territoires aux destinations touristiques : la fin d’une illusion ? Sud-Ouest européen – Revue géographique des Pyrénées et du Sud-Ouest, 39, 55-63.

InTerreCo

L’aventure InTerreCo

C’est l’histoire d’une rencontre entre cinq jeunes qui partagent une vision de tourisme durable et responsable. Elle trouve son fondement dans une industrie du tourisme qui se doit de prendre en compte les impacts socio-économiques et écologiques de ses activités sur les territoires. Ce premier article résume l’essence du Collectif et donne des informations sur les fondateurs, leurs objectifs et leur vision commune.

Une identité visuelle

Nos couleurs et le nom « In-Terre-Co » font référence à la « terre » dans une logique de « territoires interconnectés ». Ils traduisent l’essence même du collectif InTerreCo qui se structure autour d’une forte volonté de travailler en communauté. En effet, c’est cet esprit de co-construction de savoirs en partant des spécificités de chacun qui a animé les premières rencontres en Brenne (Indre – Centre Val de Loire). 

InTerreCo
Auto-entrepreneurs – territoires – interconnectés.

Identité visuelle réalisée par Tiinga KPEMA.

Parti de l’initiative de deux amis, Koffi Selom AGBOKANZO et Maxime DARGENTON, le collectif s’étend aujourd’hui à trois autres personnes qui ont rejoint l’aventure en avril 2020 : Marie-Georges FAYN, Christine Essenam LAWSON et Tiinga KPEMA. Sa vie est essentiellement construite autour de projets qui sont co-portés et/ou co-pilotés dans une finalité commune par les différents membres.

Une vision commune

La richesse d’InTerreCo réside non seulement dans les spécificités de ses membres, mais aussi dans la capacité de ces derniers à donner une forme collective à leurs spécificités. Les chercheurs d’InTerreCo inscrivent les concepts, les ressources théoriques et méthodologiques du marketing dans une finalité collective. Leur approche s’enrichit des apports d’une équipe de professionnels intervenant dans les disciplines complémentaires que sont les sciences de l’information et de la communication, la géographie, l’urbanisme, la sociologie, l’économie et l’informatique. Dans cet esprit, la pensée de Lazer (1969)* sous-tend la vision commune du Collectif :

« le marketing doit servir non seulement les entreprises, mais aussi les buts de la société. Il doit agir avec l’intérêt public général car le marketing ne se limite pas à la transaction vente-achat, ses responsabilités dépassant la réalisation des profits ».

Par ailleurs, InTerreCo aspire à jouer un rôle clé dans l’instauration et l’accompagnement de dynamiques entrepreneuriales sur les territoires. Il s’agit essentiellement de remettre les résidents (entrepreneurs locaux, et habitants) au cœur de la politique touristique car ils ont un rôle actif à jouer dans le développement de leur territoire.

En effet, tous les résidents ont une connaissance intime de leur lieu de vie. Les inviter à devenir partie prenante de leur attractivité est un des défis majeurs que doivent relever les acteurs gestionnaires des territoires pour les années à venir. L’intérêt de la démarche que nous menons avec ces territoires réside dans la capacité à associer chacun au processus de valorisation. 

Un label pour les auto-entrepreneurs

« InTerreCo / Auto-entrepreneur » est un label attribué sur une période déterminée** à des auto-entrepreneurs qui respectent les principes fondateurs. L’intégration au label se fait par lettre notifiée des deux propriétaires de la marque, à savoir Koffi Selom AGBOKANZO et Maxime DARGENTON.

 

* Lazer W. (Janvier 1969), Marketing’s Changing Social Relationships, Journal of Marketing, Vol. 33, N° 1, pp. 3-9.

** Période qui peut être renouvelée plusieurs fois après validation des propriétaires de la marque.