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Le Machu Picchu : le prodige architectural de l’empire Inca

InTerreCo pose un regard neuf sur les hauts lieux touristiques du monde. Les membres du collectif ambitionnent de questionner leurs impacts sur les territoires qui les hébergent, en termes d’attractivité et d’identité culturelle, voire de retombées socio-économiques et environnementales. Eu égard à cette ambition, quoi de mieux que d’étudier les 7 Merveilles du Monde Moderne sur une série de 7 articles ?! En ce mois de décembre, la troisième Merveille du Monde mise à l’honneur est le Machu Picchu. Ainsi, après l’Inde et la Chine, c’est au Pérou, sur le continent américain, que nous partons découvrir l’un des 7 sites d’exception du monde contemporain.

Le Machu Picchu : le plus grand héritage oublié de la civilisation Inca

Héritage oublié de la civilisation Inca, ce site d’envergure internationale est considéré comme un « joyau perdu » qui est réapparu dans le patrimoine mondial au 20ème siècle…

Une cité perdue retrouvée

Révélé aux yeux du monde en 1911, par l’archéologue américain Hiram BINGHAM, ce chef-d’oeuvre architectural a intégré la liste du Patrimoine Mondial de l’UNESCO en 1983. Dans la langue Quechua, « Macchu » signifie vieille et « Picchu » symbolise le sommet de la montagne. Ainsi, le Machu Picchu constitue l’héritage le plus remarquable de la civilisation inca. Il apparaît comme une œuvre artistique et architecturale singulière, unique en son genre et d’une ingéniosité sans pareille en matière d’aménagement du territoire à l’échelle mondiale. L’enchâssement du site archéologique à son environnement naturel est la preuve d’une possible coexistence harmonieuse et d’une grande beauté entre l’homme et la nature (Luciano P., 2011).

Un monument géographiquement singulier

Reconnue aux yeux de tous pour être dotée de valeurs culturelles et naturelles d’une grande rareté, cette ancienne forteresse culmine à près de 2 430 mètres d’altitude et s’étend sur plus de 32 000 hectares de pentes montagneuses, de vallées ainsi que de pics, encerclant “La Ciudadela”, monument prodigieux, composant le cœur du site archéologique.

Ce chef-d’œuvre d’architecture s’harmonise de manière singulière avec son environnement naturel auquel il est profondément lié, avec cette particularité qui étonne les visiteurs : le plus spectaculaire est invisible car 50 à 60% de l’ingéniosité architecturale de cette merveille est souterraine.

Un édifice à l’image de la puissance de l’empire Inca

À la fois centre religieux, cérémoniel mais également astronomique et agricole, il fut construit sous la civilisation Inca, au cours du XVᵉ siècle. Ce fut l’empereur Inca Pachacutec, un des plus éminents dirigeants du Tahuantinsuyo, qui découvrit ce lieu suite à une campagne militaire. La beauté du lieu et sa singularité topographique, le rendant stratégiquement facile à défendre, séduisirent l’empereur. La ville-citadelle fut érigée entre 1483 et 1471. Ainsi, de nombreux archéologues crurent que la vocation première du site fut défensive et militaire. 

A cette époque, l’empire Inca connaissait une véritable période de prospérité. Certains archéologues affirment que le site du Machu Picchu fut construit en l’honneur de la victoire des Incas sur le peuple Chancas. Ses lignes imposantes devaient le distinguer des édifices des cités avoisinantes. Son prestige attira les Incas qui vinrent s’y installer en nombre.

Une résidence de la royauté impériale

Le Machu Picchu fut aussi utilisé comme une résidence royale, lieu de repos pour l’empereur et sa famille “panaka”. Dans la culture Inca, chaque nouvel empereur se devait de construire ses propres demeures. Il était impensable pour eux de s’installer dans des demeures édifiées par l’un de leurs prédécesseurs au risque de cotoyer leurs esprits qui continueraient à y circuler. C’était également un moyen de fuir la pression politique de la capitale.

Un symbole de puissance économique 

Ce site archéologique peut, selon de nombreux archéologues, se diviser en 2 grandes parties : La première zone destinée à l’agriculture. Centre économique d’une grande importance pour le peuple Inca, les paysans entretenaient des champs artificiels afin de nourrir l’intégralité de la population. Néanmoins, le climat régional n’était aucunement propice à la culture. Afin de retenir l’eau, le peuple inca a élaboré un système hydrique d’une grande ingéniosité pour l’époque (Wright K. R., Kelly J. M. et Zegarra A. V., 1997). Aux terrasses, s’apparentant à des escaliers, furent intégrées des galeries de filtrages. Ainsi, la couche de fond était constituée de roche, celle intermédiaire de sables et la couche supérieure de terre arable. Sans ce procédé ingénieux, les inondations auraient emporté l’intégralité des cultures.

Selon l’altitude et le climat, les champs recevaient la cola, la pomme de terre, les haricots, du maïs ou encore le coton. Tout près du site, se trouvait la capitale de l’empire Inca, Cuzco, permettant l’acheminement permanent de produits, sans aucune nécessité de stockage. Le Machu Picchu constituait à lui seul l’entrepôt agricole de la région.

Un centre urbain dynamique

Poumon économique, le Machu Picchu était aussi un centre urbain et religieux d’une grande importance, qui constituaient la seconde zone du sanctuaire. Composé de plus de 200 constructions et édifié sur une crête escarpée, cette zone était divisée en deux parties distinctes : la haute ville (Hanan) et la basse ville (hurin).

Les édifices furent bâtis selon une technique de maçonnerie remarquable pour l’époque. Ils étaient le résultat d’un travail de précision de grande envergure, montés entièrement à la main. Pour preuve, la présence de magnifiques temples, à l’architecture travaillée en pierres polies : le Temple du Soleil, le Temple de la lune ou encore le Temple du Condor. Ces monuments sont capables de résister aux séismes, fréquents dans la région. De par la proximité des roches, elles retrouvent de manière naturelle leur place initiale après une éventuelle secousse.

Un édifice d’une ingéniosité sans précédents

L’ingéniosité dont a fait preuve le peuple inca à travers l’utilisation d’une technologie éprouvée ainsi que l’attention portée au processus de construction des structures du sanctuaire, ont permis à ce dernier de traverser les siècles (Cuadra C., Sato Y., Tokeshi J., Kanno H., Ogawa J., Karkee M. B. et Rojas, J., 2005). Si lors de sa construction, les fondations n’avaient pas été le fruit d’une réflexion profonde, les glissements de terrain ainsi que les tremblements auraient emporté le sanctuaire depuis longtemps (Petroski H., 2009).

Une ville sacralisée

Des études plus approfondies ont affirmé que la cité était également un lieu de culte avec des espaces dédiés. Certains archéologues et anthropologues ont affirmé que ce sanctuaire est lié au Divin. Le choix du lieu, au sommet d’une montagne, symboliserait la volonté des Incas d’affirmer leur suprématie en se de se rapprochant du Soleil. Le lieu est ceint par la rivière sacrée Urubamba et circonscrit par les sommets de la Cordillère des Andes. Dans la culture inca, le soleil est une divinité, les montagnes sont source de vénération et l’eau est sacralisée. Nombreuses sont les constructions présentes au sein de la ville qui s’alignent sur le soleil selon la période de l’année.

L’Intihuatana, l’autel dédié au Soleil, l’un des monuments les plus connus du Machu Picchu, signifie “le lieu où s’attache le soleil”. Il est présent au sommet du site archéologique et est le parfait exemple de cette relation à la divinité. Il a été longtemps affirmé que le site abritait les “Nustas” qui étaient des vierges mariées au soleil et qui consacraient l’intégralité de leur existence au culte d’Inti, le Soleil. 

Les montagnes situées aux alentours, bien plus hautes, vont avoir cette capacité de contrôler la météo et par conséquent, la fertilité de la terre et des animaux. Ces dernières revêtent le rôle de protectrices et de divinités de la guerre pour les peuples vivants auprès d’elles et les vénérant. D’autres édifices sont dirigés vers ces dernières, où l’âme de ceux qui sont partis est censée reposer.

Une cité perdue à la fin de la civilisation Inca

En 1531, l’empire Inca s’effondre. Les conquistadors espagnols, dotés d’armes à feu et de chevaux terrifient les populations locales. Lors de leur arrivée, une guerre civile a éclaté suite à la haine des peuples locaux à l’encontre des Incas. L’empire se retrouve dès lors en proie à une guerre de succession. Il ne faudra que peu d’efforts aux conquistadors, désireux d’acquérir les vastes richesses présentes au sein de la cité, pour le conquérir. Résistants pendant de nombreuses années, les habitants fuirent progressivement la cité pour retourner vivre dans leur village d’origine. En 1532, le dernier empereur Inca, Atahualpa, fut assassiné par l’Espagnol Pizzaron, mettant ainsi un terme à la civilisation Inca.

Le Machu Picchu : un monument national…

… Au service du tourisme

Le tourisme a généré une économie locale florissante. Il n’était pas rare d’y voir de nombreuses entreprises familiales telles que des restaurants, des auberges ou encore des artisans ou des commerçants vendant de la céramique, du textile ou encore des souvenirs en réponse à la consommation touristique (Luciano, P; 2011). Chaque année, ce sont près de 1 500 000 visiteurs qui viennent découvrir la cité perdue, faisant de ce site archéologique, la première attraction touristique du pays. En 1965, l’État péruvien a conçu le “Plan Turístico y Cultural de la Comisión Especial (plan COPESCO), en coopération avec l’UNESCO afin de restaurer les ruines archéologiques.

Aujourd’hui, la région de Cuzco n’est plus uniquement reconnue comme symbole par l’UNESCO pour la singularité de ses caractéristiques culturelles et naturelles ainsi que de ses sites reconnus au rang de patrimoine mondial. Cette région est devenue un centre touristique accueillant des milliers, voire des millions de visiteurs, provenant majoritairement des régions d’Europe et du Nord de l’Amérique.

De nombreux autochtones quechuas sont encore aujourd’hui présents dans les zones rurales et vivent dans les hautes altitudes des Andes. Les touristes apprécient grandement leur présence et les associent, bien souvent, à la représentation la plus pure du peuple Inca. C’est ainsi que naquit une stratégie de marketing ethnique, mise en place par de nombreuses agences de voyages “Ils sont des descendants directs du peuple Inca, alors n’oubliez pas que ce sont leurs ancêtres qui ont bâti les nombreuses merveilles qui sont à l’origine de votre appétence pour le Pérou”   (Arellano A., 2011).

Néanmoins, le tourisme de masse a un impact négatif sur le site qu’il détériore et fragilise.

Vidéo

et en proie à la menace environnementale

En matière environnementale, de nombreuses inquiétudes ont émergé face aux pillages, à la collecte de bois et de plantes à destination de la vente ou encore à cause de la mauvaise gestion des déchets ou au braconnage, amenant à la destruction silencieuse d’un écosystème tout entier. La pollution de l’eau, causée par les déchets de l’urbanisation et par les produits agrochimiques qui sont déversés dans l’Urubamba, contribue à alimenter progressivement la disparition de l’environnement.

Les solutions apportées par l’État Péruvien

Au cours de l’année 1981, le gouvernement péruvien, par l’intermédiaire de l’Institut National des Ressources Naturelles (INRENA) a déclaré de manière officielle que le sanctuaire du Machu Picchu était un site naturel et archéologique protégé (Arellano A., 2011).

Le sanctuaire est aujourd’hui placé sous l’autorité de l’État péruvien et intégré au réseau national des aires protégé du pays. Une juridiction a été établie afin de le protéger. En 1999, l’Unité de gestion du Sanctuaire historique de Machu Picchu (UGM) a été conçue afin de mettre en application des stratégies de gestion du site.

L’État péruvien a également instauré de nombreuses mesures afin de préserver cet héritage du passé. Ainsi, le gouvernement a cherché à réguler le flux de touristes : chaque jour, le nombre de visiteurs est limité à 2 500 personnes. Néanmoins, ce chiffre n’est pas immuable et il se peut que, dans un avenir proche, il soit revu à la baisse. Les autorités ont aussi instauré un système de tranches (matin, midi, après-midi), qui couvre chacune, trois heures, évitant ainsi une trop grande masse de tourisme.

Un mystère qui n’a pas encore livré tous ses secrets […]

Après la conquête espagnole, le Machu Picchu fut oublié pendant de nombreux siècles. Sa découverte, en 1911, l’a remis sur le devant de la scène international, faisant de ce monument une des merveilles architecturales et d’ingéniosité unique au monde. Malgré de nombreuses recherches, le Machu Picchu reste un mystère qui n’a pas encore livré tous ses secrets.

Bibliographie

Arellano, A. (2011). Tourism in poor regions and social inclusion : the porters of the Inca Trail to Machu Picchu. World Leisure Journal, 53(2), 104‑118. 

Cuadra, C., Sato, Y., Tokeshi, J., Kanno, H., Ogawa, J., Karkee, M. B., & Rojas, J. (2005). Evaluation of the dynamic characteristics of typical Inca heritage structures in Machupicchu. WIT Transactions on The Built Environment, 83.

Luciano, P. (2011). Where are the Edges of a Protected Area? Political Dispossession in Machu Picchu, Peru. Conservation and Society, 9(1), 35-41. 

Petroski, H. (2009). Engineering: Machu Picchu. American Scientist, 97(1), 15-19. Retrieved. 

Wright, K. R., Kelly, J. M., & Zegarra, A. V. (1997). Machu Picchu : Ancient Hydraulic Engineering. Journal of Hydraulic Engineering, 123(10), 838‑843. 

InTerreCo pour un tourisme durable et responsable

InTerreCo pour un tourisme durable et responsable

« Protéger, exceller, développer »

Le Grand Chambord et le Domaine national de Chambord, mobilisés en vue du label « Grand site de France », un grand projet de tourisme durable et de proximité !

La Communauté de Communes du Grand Chambord (CCGC) et le Domaine national de Chambord portent un projet stratégique pour un territoire d’exception !  Ce 2 novembre 2020[1], le Domaine national de Chambord devait accueillir l’ensemble des acteurs locaux et régionaux, à l’occasion de la présentation du projet “Grand Site de France” et du plan d’action porté par la CCGC et le Domaine. Organisée sous l’égide d’Yves ROUSSET, préfet de Loir-et-Cher, Gilles CLÉMENT, Président de la CCGC et de Jean D’HAUSSONVILLE, Directeur Général du Domaine national de Chambord, la conférence devait être conduite par Koffi Selom AGBOKANZO, maître de conférences, accompagné des membres du collectif In-Terre-Co. La pandémie en a décidé autrement et l’évènement se tiendra ultérieurement. Ce délai supplémentaire est mis à profit pour apporter un éclairage plus approfondi sur une initiative singulière et prometteuse.

« L’identité de notre territoire est associée aux habitants qui participent au quotidien à sa construction et au Domaine national de Chambord, classé au patrimoine mondial de l’humanité. Aujourd’hui, dans une perspective de développement local, nous voulons fédérer les acteurs économiques et la population autour de ce pôle majeur d’attractivité. » souligne un élu de la Communauté de Communes du Grand Chambord.

Afin de mener à bien cette grande ambition, les élus, assistés par le collectif In-Terre-Co sur le volet marketing territorial, lancent l’opération « Grand site de France ». Pour acquérir ce label, le territoire engage une politique de tourisme durable et responsable tournée vers les acteurs économiques locaux et les résidents. L’objectif est d’associer les énergies et les ressources locales dans une même dynamique de valorisation du territoire. Cette mise en lumière passe par le soutien à la création d’offres de biens et de services originaux et authentiques, l’appui aux programmes de préservation des lieux et des paysages et l’invitation faites à toutes les parties prenantes de devenir les ambassadeurs du territoire.

Initiée en 2019 à la demande des élus du Grand Chambord alors que l’épidémie de la Covid-19 ne sévissait pas, cette réflexion se révèle stratégique dans le contexte actuel de crise sanitaire.

En savoir plus sur

Le label « Grand site de France » est décerné pour une durée de 6 ans par le ministère de la transition écologique et solidaire. Ce label est attribué en fonction de critères d’éligibilité rigoureux portant sur la protection, la réhabilitation et la gestion active du paysage, l’accueil des visiteurs et le développement local durable (cf. Art. L. 341-15-1 du code de l’environnement). 

La Communauté de Communes du Grand Chambord réunit 16 communes pour lesquelles elle gère de nombreuses compétences dont le développement économique et touristique. Les 43 élus communautaires issus des 16 communes membres se réunissent régulièrement lors de conseils communautaires. Par leurs votes, ils définissent les politiques à mener, les équipements à construire et les services à mettre en place sur le territoire. La Communauté de communes compte 21064 habitants et 997 entreprises.

Le Domaine national de Chambord          
Inscrit depuis 1981 au patrimoine mondial de l’UNESCO, le Domaine national de Chambord a fêté ses 500 ans en 2019. Établissement culturel national, Chambord n’a de cesse de développer la fréquentation de son château qui atteignait plus d’un million de visiteurs en 2018. Au cours des ans, Chambord a noué de prestigieux partenariats internationaux avec la Chine, l’Inde et l’Italie. Aujourd’hui Chambord veut incarner le tourisme de demain, tourné vers la famille et la détente et valoriser ses milliers d’hectares de nature préservée.

InTerreCo : un collectif au service du rayonnement territorial
InTerreCo est la rencontre de cinq professionnels partageant une même vision d’un tourisme durable et responsable. Le collectif s’enrichit des nombreux projets co-portés par ses différents membres et des contributions de ses chercheurs tant conceptuelles que méthodologiques. Dans ce « think tank », scientifiques et praticiens confrontent sans cesse leurs connaissances théoriques et leurs expériences terrain afin de gagner ensemble en savoirs, en compétences, en capacité d’adaptation et d’anticipation. 

Pour plus d’informations, contactez :

Koffi Selom AGBOKANZO
Dr-PhD / Maître de conférences en Sciences de Gestion et du Management de l’Université Catholique de l’Ouest – UCO Nantes

Mail : kagbokanzo@uco.fr https://interreco.fr/

 

[1] Compte tenu des mesures sanitaires actuelles, l’évènement est reporté à une date ultérieure.